Après la tempête qui a secoué les marchés boursiers suite à la dégradation de la dette américaine, le G7, le G20 et la Banque centrale européenne (BCE) ont réussi lundi dernier à éviter un krach boursier mondial. Mais les incertitudes sur les prochaines actions des institutions maintiennent l'angoisse. Les dirigeants européens et américains ont de nouveau tenté avant-hier, à grand renfort de communication sur leur détermination et leurs efforts concertés, de limiter la panique suscitée par la dégradation de la note de crédit des Etats-Unis, samedi. Grâce aux informations faisant état d'achats, pour un volume indéterminé, d'obligations italiennes et espagnoles par la BCE et, dans une moindre mesure, au communiqué du G7 diffusé peu avant la réouverture des marchés financiers, les dirigeants occidentaux y sont à peu près parvenus. La plupart des Bourses occidentales ont même ouvert en hausse, après que le G7 (Etats-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada, Japon) a assuré qu'il allait lutter de manière déterminée contre la volatilité des marchés. Une réaction paradoxale, tant les analystes s'attendaient à une chute libre des marchés actions dès leur ouverture, pour le onzième jour d'affilée à Paris. Le G20, qui réunit en outre les grands pays émergents, a apporté sa pierre à l'édifice du rétablissement de la confiance en affirmant dans un communiqué qu'«aucun changement dans les fondamentaux ne justifie les tensions financières subies récemment par l'Italie et l'Espagne ». La spéculation sur la dette de Rome et de Madrid, troisième et quatrième économies de la zone euro, représente actuellement la menace principale sur la monnaie unique. Les taux d'intérêt sur les titres italiens et espagnols se sont nettement détendus avant-hier. Peu du temps après, les marchés actions dévissaient de nouveau, et largement. Les incertitudes fondamentales demeurent en effet, tant aux Etats-Unis où la classe politique se déchire qu'en Europe. Notamment l'Allemagne et la France, les deux piliers politiques de l'euro (qui sont, avec les Pays-Bas, les seules économies d'envergure de la zone à bénéficier encore du précieux triple A), divergent sur un éventuel renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF). Ce dernier, doté actuellement de 440 milliards d'euros, n'est clairement pas dimensionné pour soutenir l'Italie, dont la dette avoisine 2000 milliards de dollars, au cas où Rome suivrait le chemin de la Grèce. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et son commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn, ont plaidé dans le sens d'un renforcement. Mais le porte-parole d'Angela Merkel a souligné hier que «le FESF reste (rait) comme il est». C'est-à-dire tel qu'il a été défini le 21 juillet dernier. Pourtant, le ministre français des Finances, François Baroin, a déclaré dans la même journée, à propos de l'enveloppe de 440 milliards d'euros du FESF : «Nous avons déjà dit que, s'il fallait aller plus loin, nous irions plus loin.»