Une panne d'électricité survenue au moment de la mise en service du tramway d'Alger n'a pas permis à Amar Tou, le ministre des Transports, accompagné de plusieurs membres du gouvernement, de fêter correctement ce nouvel acquis. Le contraire lui aurait permis d'être le premier à lancer ce que d'aucuns qualifient de «le temps des grandes manœuvres» avec la multitude de grands projets prévus pour être inaugurés dont celui de l'autoroute Est-Ouest. Grandes manœuvres aussi avec l'avènement de contrats de partenariat ou leur reconduction avec des groupes français comme ArcelorMittal, la Lyonnaise des eaux, Alstom. Le premier fixera pour 99 ans sa présence en Algérie. En suppléant au départ des Allemands de Gelsen Wassen dans la gestion déléguée de l'eau à Annaba après Alger et Constantine, la Lyonnaise des eaux trace de réelles perspectives de travail avec les Algériens. C'est le troisième contrat du genre qu'elle décroche après ceux d'Alger et Constantine. Alstom, le leader européen du ferroviaire, quant à lui, s'est résolument engagé dans un partenariat très rentable en s'associant avec l'entreprise algérienne Ferrovial. Tous deux ont créé la société mixte algéro-française Cital au capital social de 2,1 milliards de DA. Ce n'est pas le pactole, évidemment. Juste de quoi lancer les activités de Cital qui aura pour mission le montage des tramways, leur entretien et maintenance en Algérie. Implantée à Annaba, la société est programmée pour être opérationnelle début 2013 avec un effectif de 300 agents et cadres. Cependant, ce partenariat est déjà parti avec la 1re réunion de son conseil d'administration tenue la semaine écoulée. C'est aussi parti avec l'élaboration et le lancement de l'appel d'offres international pour la désignation du bureau chargé de la construction de l'usine Cital dont le capital est détenu à 51% par Ferrovial-Métro d'Alger-Alstom Algérie et à 49% par le groupe français. Pratiquement, toutes les démarches auprès d'un bureau notarial en Algérie ont été réalisées. Rien, cependant, n'a filtré sur les avantages non négligeables accordés par le gouvernement algérien à Cital. Tout porte à croire que ses avantages seront identiques à ceux accordés en 2001 au franco-indien ArcelorMittal pour la gestion du complexe sidérurgique d'El-Hadjar. Il s'agit de la suppression durant cinq années de la taxe professionnelle, des charges sociales, avec prime à l'investissement et abattement sur les redevances de l'électricité, du gaz et de l'eau. En tous les cas, pour les entreprises algériennes Ferrovial et Métro d'Alger, majoritaires, l'esprit de reconquête du rail algérien est présent dans les comportements des cadres gestionnaires. Monter des tramways, assurer l'entretien et la maintenance d'est en ouest de ceux qui seront mis en service au fil des années dans 12 villes après Alger, Oran et Constantine est un challenge qu'il ne faut pas rater. D'autant qu'il est question d'une intégration nationale de 15% dans le montage des tramways entièrement réalisé par Cital. Le 1er de ces tramways fera son apparition le 1er trimestre 2013. Dans l'enceinte de Ferrovial, lieu d'implantation de cette entité industrielle, l'on a déjà entamé la démolition des baraques existantes pour dégager le terrain d'assiette. Douze mois, dès la fin de l'année 2011, suffiront pour la réalisation de toute l'usine de montage. En fait, Amar Tou semble un peu plus disposé que ces prédécesseurs à aller de l'avant. C'est pourquoi il a donné un coup de pouce à Cital avec pour objectif d'éviter tout retard dans la construction de cette usine de montage, d'entretien et de maintenance des tramways. Comme il a été sensibilisé sur le rapport explosif qui lui est parvenu sur la circulation routière urbaine. Notamment dans les grandes villes comme Alger, Oran, Constantine, Annaba, Sétif, Batna... où circuler en voiture est un calvaire interminable. La mise en service des tramways dans ces villes permettra de réduire un tant soit peu la pression. Tout un programme, s'il en est, élaboré par les services du ministère des Transports qui devrait être appliqué dans son intégralité dés 2013. Une quinzaine de villes desservies par le tramway devront revoir leur plan de circulation. Mais attention aux imprévus comme celui que le ministre et la délégation qui l'accompagnait ont eu à vivre dimanche à l'occasion de la mise en service de la première rame de tramway dans la capitale. A. Djabali