A Annaba, tous les moyens sont bons pour gagner de l'argent, et le commerce de pain permet des gains importants et faciles. Ici, le citoyen doit se lever tôt pour avoir son pain parce que dès le début de l'après-midi, il risque de ne pas en trouver malgré les nombreuses boulangeries ouvertes un peu partout dans les quartiers de la ville. Or, selon certains commerçants, cet aliment populaire est très rentable en matière de gain. La majorité des boulangers ont essayé d'augmenter le prix du pain mais le ministère du Commerce qui a l'œil sur le marché s'oppose à toute augmentation qui n'arrange point le consommateur algérien. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture estime dans une étude que les Algériens consomment presque 49 millions de baguettes de pain par jour. L'Algérie, selon le classement de la FAO, occupe la 4e place mondiale en termes de qualité de pain après la France, les Etats-Unis et les Philippines. Le gouvernement a administré un prix de 7,5 dinars pour le pain simple et de 8,5 dinars pour l'amélioré. Certainement, presque tous les boulangers en activité à Annaba ont recours à des magouilles, notamment en trichant sur le poids de la baguette de pain qui au lieu de 250 g pèse 180 g seulement. Les vendeurs à la sauvette ont accaparé des rues entières au niveau du marché couvert de la ville et ceux de la Colonne pour écouler du pain entre 15 et 20 DA alors que son prix réel est de 7,5 DA, ceci en plus du non-respect des règles d'hygiène. Ce sont 280 boulangeries qui exercent au niveau de la ville d'Annaba, soit, estime-t-on, une moyenne de 10 tonnes de farine produisant près de 5 mille baguettes par jour. Une trentaine de boulangeries produisent avec 300 tonnes de farine près de 150 000 baguettes par jour dont la moitié est vendue au marché noir pour le double du prix , permettant un gain évalué à 50 millions par jour dont une marge revient aux vendeurs à la sauvette. Il est impardonnable qu'un père de famille ne trouve pas de pain chez le boulanger au milieu de la journée alors que juste en face, des cartons sont remplis de pain vendu plus cher et en l'absence des normes d'hygiène en vigueur constate-t-on. Désormais cet aliment on peut le trouver aussi chez l'épicier, le laitier, dans les supérettes et surtout chez les marchands ambulants. Malheureusement, la Direction de contrôle des prix ne dispose pas de contrôleurs spécialisés dans le process de fabrication et la composition du pain dans les boulangeries car faut-il savoir que l'améliorant est fabriqué à base de produits chimiques et tout produit chimique est nocif à la santé publique. A ce sujet, il est à noter qu' une certaine tension est ressentie actuellement sur la vente de farine notamment. En prévision du mois de Ramadan, plusieurs boulangers ont pris leurs dispositions en stockant de la farine. Malgré cette situation, les familles algériennes continuent de gaspiller du pain. Des jeunes gens ramassent du pain sec trouvé dans les ordures pour le revendre de nouveau au éleveur de bétail à un prix qui varie entre 150 et 200 DA le sac de 20 kg. Dès 7 h du matin, ils sillonnent les quartiers à la recherche de pain rassis. Un contrôle strict dans cette filière est tout à fait nécessaire pour faire cesser toutes ces pratiques frauduleuses et immorales.