Après plusieurs semaines de détresse et d'attente pour les familles des mains pris en otages par des pirates somaliens, un appel téléphonique vient les soulager, mais aussi les laisser craindre plus pour les leurs. C'était à l'heure du f'tour, mercredi soir, que les marins ont appelé leurs familles. «C'est juste à l'heure de la prière du maghreb que le téléphone a sonné. C'était mon père ! Maintenant, on sait qu'il est vivant mais on sait aussi qu'il est, comme tous ses camarades, très malade», nous dira Faouazi Aït Ramdane, fils d'un otage, qui nous a contacté dans la soirée même, tout ému. « Sa voix (mon père) semblait très affaiblie. Je ne l'ai pas reconnu d'ailleurs», ajoute-t-il d'un ton abattu. «On lance un appel de détresse aux autorités algériennes, aux responsables de ce pays. Aidez-nous, rendez-nous nos proches, faites quelques chose pour eux !», clame Faouizi. « Mon mari m'a dit qu'ils (les marins, ndlr) sont très affaiblis, ils ne peuvent plus tenir debout. Ils ne mangent pas bien, ils boivent de l'eau saumâtre et se lavent avec l'eau de mer. Il faut que l'Etat fasse tout pour les libérer, sinon ils vont tous mourir», raconte Mme Hanouche, épouse de Nafaâ, ingénieur en mécanique de Tizi Ouzou, 58 ans, qui se trouve parmi les otages du vraquier MB Blida, piraté le 1er janvier 2011 en Somalie. «Il m'a dit qu'ils ne savent rien sur les négociations pour leur libération. Il m'a demandé de se mobiliser et de solliciter les pouvoirs publics algériens parce que l'affréteur jordanien n'est pas sérieux et il ne faut pas croire ses promesses», a-t-elle averti. En outre, toutes les familles des marins otages ont averti de l'état déplorable et des conditions lamentables dans lesquelles se débattent les otages. «Ils sont gravement malades. Ils sont en train de mourir», disent à l'unanimité ces familles en lançant un SOS aux dirigeants du pays. Il est à rappeler qu'une série de protestations pacifiques ont été organisées par les familles des marins otages mais qui, semble-t-il, n'ont pas fait bouger les instances de l'Etat censé régler cette affaire, à l'image du ministère des Affaires étrangères, celui des Transports et la société propriétaire du vraquier Blida (International Bulk Carriers, IBC). «Toutes les portes nous sont fermées. Seule la presse nous a soutenu durant notre combat», déplore Mme Kahli, sœur d'un otage. «On demande à Monsieur le Président d'intervenir dans cette affaire. C'est le seul qui peut faire quelque chose pour nos proches», enchaîne une femme dont le frère est entre les mains des pirates somaliens depuis près de neuf mois.