Le président du CNT a opposé, samedi soir, un niet catégorique à la déclaration du secrétaire général de l'ONU soutenant que son organisation compte jouer un rôle «essentiel» en Libye par le biais d'un déploiement «rapide d'une mission de l'ONU sur le terrain». Si la communauté internationale s'accorde à décrire la situation actuelle en Libye comme étant confuse et très complexe, M. Ban Ki-moon relève pour sa part que les défis à relever «sont énormes». La communauté internationale est appelée à répondre fortement aux questions humanitaires vu les besoins pressants des Libyens, ainsi qu'à d'autres. L'absence d'homogénéité au sein du CNT, le rôle des principaux membres actifs de l'Otan dans la crise inter- libyenne, les liens tribaux sur lesquels s'appuie la société libyenne et le rôle encore en cours de Mâamar Kadhafi, de ses proches et de ses soutiens sont autant de facteurs d'inquiétude pour l'avenir du pays. Le traitement médiatique de ces questions par les médias occidentaux et certaines chaînes arabes sera sûrement au vu de ce qui se passe la voie par laquelle se peaufinera la politique future de la Libye sur fond des objectifs des uns et des autres. Le secrétaire général de l'ONU a déclaré que «tout d'abord, nous devons aider les nouvelles autorités libyennes à distribuer l'aide d'urgence à ceux qui en ont besoin » et de souligner qu' «en même temps, nous devons planifier l'avenir». Le président du CNT, Mustapha Abdeljalil, qui a annoncé son opposition à tout déploiement par l'ONU de Casques bleus en Libye, a exprimé le souhait de voir le soutien arabe se traduire en matière d'organisation et de formation, en particulier de policiers. «Les défis sont énormes» en Libye, a souligné M. Ban Ki-moon après avoir soutenu que la situation est entrée «dans une phase finale et décisive». Si dans ses propos, Ban Ki-moon évoque «une phase finale», l'ambiguïté et le flou entourant la scène libyenne font que nul n'est en mesure d'évoquer la durée de ce qu'il appelle phase finale. En déclarant «bien sûr, l'avenir de la Libye est quelque chose qui doit être décidée par les Libyens», le SG de l'ONU semble faire allusion au rôle important des membres permanents du Conseil de sécurité sur l'avenir du pays. Des acteurs étrangers dans la crise libyenne, comme la France par le biais de Bernard-Henry Levy à Benghazi, et le Royaume Uni qui, entretenant des relations stratégiques avec Washington, a contribué à atténuer les rivalités franco-américaines vis-à-vis d'un pays visé pour ses richesses et sa position géostratégique : la Libye. Par ailleurs, si M. Ban Ki-moon souligne que «tout le monde a convenu que les Nations unies doivent jouer un rôle essentiel de coordination», la portée, les contours et le mandat de l'ONU seront définis par les membres permanents du Conseil de sécurité. Même s'il a déclaré que «la communauté internationale doit explorer la nature du soutien qu'elle peut fournir pour garantir une transition stable», le rôle de l'ONU ne se limitera pas à répondre aux besoins humanitaires des Libyens, mais s'annonce d'ores et déjà politique. Une transition qui devrait pour Ban Ki-moon être «fondée sur les principes d'inclusion, de réconciliation et d'unité nationale». Trois défis précités qui se posent aux Libyens dont le pays est la scène de l'expression violente des rivalités entre pays riches bousculés par la crise économico-financière.