L'arrivée ces dernières 72 heures à Annaba des membres de la commission sectorielle chargés par le Comité national de lutte contre les maladies à transmission hydrique d'enquêter à Annaba sur la fièvre typhoïde relance sérieusement ce dossier. Cette démarche avait été annoncée dès l'apparition, courant juillet dernier, de dizaines de personnes contaminées par la salmonelle. L'enquête intervient au moment où l'on parle de plus en plus de rupture de stock de produits de traitement de l'eau et au moment où Annaba occupe la 2e place sur la liste des wilayas les plus polluées du pays. Une pollution aggravée par le déficit en incinérateurs sur tout le territoire de la wilaya et la gestion en dilettante de la voirie avec pour conséquence la non-destruction de déchets hospitaliers dans plusieurs structures de santé publique et privée, le non-enlèvement des ordures et de là, la multiplication des rongeurs, notamment dans le chef-lieu. Si sur ce dossier de pollution, l'on en est encore au stade du constat, en ce qui concerne les maladies à transmission hydrique, il y a eu mort d'homme. Même si l'on s'est refusé à l'imputer directement à la fièvre typhoïde, la victime, qui serait une insuffisante rénale, en était atteinte. C'est pourquoi nombreux sont ceux qui ont assimilé la mission de cette commission comme étant une grande manœuvre de l'été 2011 à Annaba. Las des contradictions rapportées, à tort ou à raison, par les différents articles de presse quant à une épidémie de typhoïde dans la 4e ville d'Algérie, les ministères de la santé, de l'hydraulique, de l'intérieur et de l'environnement ont décidé de tirer au clair les facteurs à l'origine de l'apparition de cette pathologie. Ayant généralement pour cause une consommation d'eau polluée par la bactérie salmonelle, elle est spécifique aux maladies à transmission hydrique au même titre que la paratyphoïde et la gastro-entérite. C'est ce qui a tenu en alerte le service infectiologie de l'hôpital Dorban du CHU d'Annaba. A ce jour, il n'a toujours pas désempli avec un va-et-vient incessant de personnes atteintes ou suspectées comme telles par cette bactérie. Durant plusieurs jours, les responsables des services des eaux et ceux de la santé n'étaient pas arrivés à se prononcer sur les facteurs liés à la fièvre typhoïde. C'est pourquoi les 350 000 habitants de la commune chef-lieu de wilaya s'intéressent à l'enquête menée par la commission d'enquête interministérielle. La situation est également suivie avec attention par les populations des 11 autres communes. Notamment les travaux de contrôle effectués par ses membres dans les structures de gestion et de distribution de l'eau potable et de l'assainissement. Il semble que ces populations n'auront pas de réponse à leurs appréhensions et interrogations sur le pourquoi de l'apparition de la fièvre typhoïde dans leur cité. En effet, les missionnaires des 4 ministères ont maintenu le black-out. Plusieurs jours après, ils n'ont toujours pas rendu publiques les conclusions de leur enquête. Il n'y a pas eu de communiqué pour lever ces appréhensions ou appeler à la vigilance dans la consommation de l'eau de robinet. Les inquiétudes des habitants sont pourtant justifiées par les nombreuses personnes qui, quotidiennement, sont annoncées comme étant infectées, mises en quarantaine ou suspectées. Il en arrive toujours au service infectieux du Pr Laouar qui, après analyses effectuées en laboratoires, confirmait ou infirmait les cas d'infection à la salmonelle. Ce qui avait rendu attentifs les citoyens devenus sensibles à la moindre rumeur portant sur l'eau potable. D'autant que, contre toute attente, ils avaient été alertés par une déclaration de Mohamed Ghazi, wali d'Annaba. A une consœur de Akhar Essaa qui l'avait interrogé sur la question, il avait signalé que la fièvre typhoide est due à la consommation d'une eau polluée distribuée par une installation mal entretenue par la Société des Eaux et de l'Assainissement de Annaba et Tarf (SEATA). L'ouvrage en question date de plusieurs années. Il alimente principalement la cité Rym, une des plus fortes concentrations de population de Annaba. Le wali n'en dira pas plus. Y compris sur d'éventuelles sanctions à l'encontre de ceux à l'origine de cette grave défaillance aux conséquences qui auraient pu être plus dramatiques. On n'en sait pas plus depuis en ce sens que rien n'est venu étayer ou démentir ses dires. Pour l'heure, faute de communication des responsables en charge de ce dossier, les rumeurs vont bon train. L'on parle de l'extension du foyer de contamination vers les cités et agglomérations où les conditions de vie sont exécrables. C'est le cas à Oued Nil, Boukhadra, cité du 1er mai, Sidi Salem dans la commune d'El Bouni à 6 km d'Annaba. Dans les cités de Oued Forcha, Rym, la Plaine Ouest et Sidi Achour, la rumeur fait état d'épidémies et de morts que les pouvoirs publics refuseraient de rendre publique. Certes, on n'en est pas encore à l'affolement dans une wilaya où les habitants sont beaucoup plus préoccupés par le ramadhan et l'approche de l'Aïd El-Fitr. Mais, pour le grand bonheur des minéraliers, l'on refuse à consommer l'eau servie par la SEATA. Entre temps, black-out sur l'information oblige, la population utilise le bouche à oreille pour s'informer sur les suites accordées à cette affaire par les autorités locales et nationales. De leur côté, les membres de la commission interministérielle travaillent loin de toute transparence. D'où cette autre rumeur qui circule à Annaba, prédisant au plan sanitaire un septembre noir à Annaba. Et ce n'est pas les propos biscornus et vides de sens et de logique d'un directeur local de la santé coupé de la réalité du terrain qui pourraient y mettre un terme. C'est dire qu'au département d'Ould Abbas, l'incompétence a encore de beaux jours devant elle.