La wilaya de Tizi Ouzou recèle un important patrimoine archéologique qui retrace les différentes périodes de l'histoire, de la préhistoire à l'ère contemporaine. Parmi ces merveilles archéologiques, les tombes géantes d'Ath R'houna, un site situé à une dizaine de km à l'ouest de la ville d'Azzefoune. Pour toute l'Afrique du Nord, ce site, un type original de monuments funéraires mégalithiques, n'existe qu'en Algérie et plus précisément dans deux localités de Kabylie, à Ath Rhouna (Tizi Ouzou) où les tombes sont au nombre de huit et à Ibarissen à l'ouest de Toudja (Béjaïa) où on en dénombre six. Des monuments similaires, appelés «navetas», ont été découverts dans les îles Baléares et en Sardaigne, connus sous le nom de «tombes géantes». Les allées dallées d'Ath R'houna sont des tombes collectives composées de deux parties : une voûte construite avec de grosses pierres taillées, et en dessous un long couloir couvert par des dalles de pierre. Selon un archéologue de la direction de wilaya de la culture, «la voûte servait à des rituels funéraires et aux offrandes pour les morts». Le caveau, orienté vers la mer, mesure entre 15 à 18 mètres de long et entre 7 à 8 mètres de profondeur et sert de sépulture pour les morts. «Un couloir peut contenir plusieurs corps, enterrés couchés sur le côté avec leurs bijoux et des biens, dont des jarres de nourriture», explique le même archéologue. Selon les archéologues de la direction de la culture, ce n'est qu'à partir de 1953 que ces tombes ont été mises au jour. Lors des fouilles menées par des archéologues français, dont G.Camps, il a été découvert dans une sépulture les ossements d'une femme et d'un enfant. «La femme était enterrée avec ses bijoux. Il y avait aussi du mobilier funéraire dont des poteries», selon un membre de l'association Ivahriyen qui œuvre pour la protection du site archéologique d'Ath R'houna. Les objets découverts dans ces tombes sont actuellement au musée du Bardo (Alger), informe-t-on. L'association Ivahryen déplore toutefois le vol de bijoux, de mobiliers funéraires et d'ossements par des archéologues étrangers, à la faveur de ces fouilles. Les tombes qui n'ont pas été explorées sont, en effet, ensevelies sous des amas de terre et de pierres et sont difficilement accessibles, car situées au sommet d'un monticule abrupt. Outre le pillage, sept monuments sur les huit que compte ce site archéologique ont été déstabilisés par une carrière d'exploitation d'agrégats, ouverte en 1990 dans la région pour les besoins d'enrochement des ports de Tigzirt et d'Azeffoune. La huitième sépulture, la seule encore debout, se situe loin des autres tombes, sur l'autre versant du monticule, ce qui l'a protégée des vibrations causées par les explosifs utilisés dans l'exploitation de la carrière. Les habitants du village Ath Rhouna et l'association Ivahriyen, soucieux de préserver le site, ont multiplié les démarches auprès des autorités compétentes pour obtenir la fermeture de la carrière, mais celle-ci a continué à fonctionner jusqu'en 2007, année où elle a enfin été fermée, mais après avoir causé beaucoup de dégâts.