Le conseil national du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de Saïd Sadi vient de décider de mesures conservatoires de suspension à l'encontre d'un député et d'un élu à l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi Ouzou, a-t-on appris de sources proches du bureau régional de ce parti. Le député Mahmoud Boudarène, psychiatre de son état, et Mohand Akli Aoudj, architecte, élu à l'APW de Tizi Ouzou, tous deux membres de la direction nationale du parti, sont, depuis hier, suspendus. Les décisions de leur suspension leur ont été notifiées par le conseil national du parti, lundi dernier, a-t-on indiqué de même source, précisant que «la radiation, l'exclusion ou le gel des activités d'un militant, élu ou cadre du parti, est du seul ressort de la commission des sages du parti, habilitée à se prononcer de manière définitive sur leur cas». «Le conseil national du RCD peut décider d'une mesure conservatoire, mais en aucun cas d'une radiation, une exclusion ou un gel d'activité», a-t-on poursuivi encore comme pour battre en brèche l'idée selon laquelle «le parti de Saïd Sadi gère de manière unilatérale». «Au RCD, l'on ne décide pas de manière unilatérale.» Ce n'est pas la première fois que le parti a recours à ce genre de mesures, toutes suivies d'effet, à l'encontre de militants et/ou de cadres qui ont pourtant prouvé sur le terrain leur engagement politique, à l'exemple des députés de Bouira et de Béjaïa, en l'occurrence Ali Brahimi, secrétaire chargé des affaires sociales, et Tarik Mira, responsable des relations extérieures, pour ne citer que ceux-là. Ils ont démissionné du parti pour ne plus cautionner les dérives totalitaires du premier responsable, Saïd Sadi. Dans une lettre datée du début juin 2009 et adressée au leader du parti, le député Ali Brahimi a rappelé qu'au conseil national du parti, «le président est le seul à décider de tout». «Comme dans les régimes totalitaires, les structures existent, mais elles sont complètement dépendantes du chef. Ce travers structurel est confirmé jusqu'à la caricature par l'aveu de Boucetta Rabah, secrétaire national à l'organique, qui dit que «les sanctions sont édictées et dictées par le président du parti». Cette suspension, a-t-il poursuivi, est la traduction administrative – une de plus ! – dont le but est d'empêcher toute velléité de débat sur le fonctionnement et la ligne politique. Les errements de cette dernière, soumise au gré des intérêts et humeurs du chef, ont atteint ces derniers temps un niveau d'irresponsabilité qui hypothèque l'avenir du parti et la perspective démocratique.