Les embuscades et les attentats ne peuvent pas être destinés à faire gagner la guerre à leurs auteurs mais, alors, pourquoi s'acharner à les pratiquer encore ? Il y a quand même une logique qui n'est pas saisie tout à fait. Normalement, une impossibilité avérée conduit à une impasse reconnue et à l'abandon sinon du projet, du moins de l'utilisation des moyens de sa mise en œuvre. Or, voilà pratiquement une vingtaine d'années que le terrorisme persiste, même si son intensité a beaucoup diminué. Quel objectif poursuit-il encore ? Des ruptures des périodes d'accalmie induisent fatalement des questionnements ; des périodes d'accalmie sécuritaire laissent les populations espérer plus qu'une diminution, voire même une extinction de la violence sur la lancée des pouvoirs publics, qui affirment avec force que le terrorisme est définitivement vaincu sur le plan militaire et qu'il l'est surtout sur le plan politique. Mais à ces périodes succèdent des perturbations sécuritaires qui viennent quand même jeter le trouble sur les perceptions de ceux qui croyaient ou espéraient que l'accalmie se prolongerait en extinction définitive. Quelle donnée au concept de «vaincu militairement» ? Certainement que cela traduirait l'incapacité définitive du terrorisme à atteindre ses objectifs politiques et militaires, à savoir la prise de pouvoir, l'instauration de l'anarchie et donc de la paralysie du fonctionnement des institutions, en passant par le boycott du pays sur le plan international. Du moment que les groupes armés ne peuvent pas se saisir du pouvoir, car il serait quand même illogique de croire que cela est possible par les moyens de la violence, du moment également qu'ils n'ont pas gagné les populations à leur cause, ceci sur le plan politique, quels objectifs poursuivent-ils encore ?
