Plus de 800 employés de l'hôtel Sheraton Club des Pins à Alger ont entamé, hier, leur huitième journée de grève, dans l'indifférence de leur administration. Réclamant leur droit à des augmentations de salariales et à une section syndicale, les grévistes dénoncent le licenciement abusif d'un collègue. Depuis le 14 septembre, un mouvement de débrayage dans tous les services, de la réception au house kipping, (entretien de la chambre), a paralysé l'activité de l'hôtel. Véritable attraction des étrangers, cet hôtel de cinq étoiles se vide de ces clients jour après jour. Les grévistes se rassemblent depuis plus d'une semaine, devant les portes de l'hôtel, sur un espace exigu pour faire entendre leur voix. Munis de pancartes et de leur patience, rien ne semble pouvoir les arrêter. «Nous nous sommes retrouvés dans cette situation en raison de la hogra (injustice) pratiquée à notre égard par l'administration, qui aujourd'hui n'accepte pas le dialogue», affirme Tarek, chargé des buffets au niveau de l'hôtel. Les représentants du personnel gréviste ont affirmé que cette situation désastreuse dure depuis le 26 juin, lorsque un arrêt de travail d'une heure a été observé pour mettre en place le vote quant à la création d'une section syndicale, où près de 700 signatures ont été récoltées. Cela a été toléré sur le moment par les responsables, notamment par le directeur général qui a reçu une liste des revendications des travailleurs. «Après, nous avons été voir l'UGTA afin de connaître les conditions pour mettre en place une section syndicale, tout en poursuivant notre travail», explique l'un des représentants. Une démarche, apparemment, qui n'a pas été du goût de l'administration. Puisque par la suite, précisément le 13 du mois courant, durant la soirée, elle a émis un «une note de refus d'accès à l'hôtel à l'encontre des trois personnes sur les cinq élues pour nous représenter, sachant qu'à ce jour, on leur a pas remis des licenciement par huissier de justice comme le stipule la loi», note l'un des grévistes, rejoint par Azzedine, réceptionniste, qui tenait à préciser que «jusqu'à ce moment, nous n'avons eu aucune oreille attentive. Il n'y a que des menaces, des licenciements par huissier de justice et même des coups de fil passé par les ressources humaines pour nous renvoyer. Actuellement, c'est le statu quo. Nous voulons bien arriver à une solution à condition que l'administration accepte le dialogue». Les grévistes dénoncent, entre autres, la manipulation dont ils ont été les victimes au niveau de l'Inspection du travail et interpellent le président de la République afin de mettre un terme à ce chaos. «Notre dossier de syndicat a été supprimé, il n'en existe aucune trace. On a demandé la présence de journalistes, mais ils nous ont tournés le dos à part quelque uns», s'exclame l'un des grévistes. S'agissant des revendications, le personnel de l'hôtel Sheraton appelle à une augmentation de salaire, qui sont actuellement évalués entre 15 000 DA et 20 000DA, à la création de la section syndicale au niveau de l'hôtel, ainsi qu'à la réintégration des employés «abusivement» licenciés de leur poste de travail. Notons que nous avons tenté de contacter les responsables au niveau dudit hôtel pour avoir plus d'informations quant à cette situation, mais en vain. Parrallèlement au rassemblement du personnel de l'hôtel, un des grévistes réceptionnistes poursuit une grève de la faim depuis plus de trois jours, n'ayant trouvé que ce moyen pour faire entendre sa voix. Il est assis à son poste de travail, en uniforme, entouré de pancartes sur lesquelles on peut lire grève de la faim écrit dans quatre langues différentes, en dépit des pressions exercées par ses supérieurs. «L'administration fait de l'abus d'autorité que je ne comprends pas, puisque nous ne faisons de mal à personne et qu'on réclame simplement nos droits les plus fondamentaux de liberté d'expression, d'autant qu'on a réussi à s'organise», précise le jeune employé. D'origine oranaise et détenteur d'une licence en histoire et en traduction, Hafid a tenu a rapporté les formes d'intimidation dont ses camarades et lui-même sont victimes : «On nous refuse l'accès au transport, sachant qu'il est déjà imputé sur notre salaire, chose qu'on ne comprend pas.» Pour dénoncer cette terrible situation, Hafid Benhadria a eu recours à l'incontournable Facebook.