Le juge d'instruction près le tribunal de Bordj Bou-Arréridj a placé sous mandat de dépôt, mercredi dernier, un jeune homme répondant aux initiales A. K., âgé de 25 ans, originaire du Mali, pour escroquerie et arnaque. L'escroquerie consistait à échanger des billets soi-disant maquillés en noir - — et le produit miracle pour les révéler — contre quelques milliers de dinars. Lundi dernier, aux environs e 18h, un commerçant de la cité Chouhada, en plein centre-ville de Bordj Bou-Arréridj, a appelé la police pour lui signaler la présence d'un sac abandonné par un Africain. Une fois sur place, la police a ouvert le sac et découvert une couverture et une boîte métallique fermée à l'aide d'un cadenas. A l'intérieur de la boîte, se trouvait une somme de 550 euros dont deux billets de 200 euros, un billet de 100 euros et deux billets de 50 euros (les billets étaient couverts de la chaux mélangée au dentifrice), 25 autres feuilles peintes en vert, une bouteille de peinture dorée et de la paraffine. Le petit coffre contenait aussi une feuille sur laquelle est écrit le mode d'emploi pour transformer des feuilles ordinaires en billets de banque. Une fois l'enquête lancée, les policiers ont découvert que le commerçant a cru à la multiplication de sa fortune. L'arnaque lui a fait perdre 15 millions de centimes. K.A., âgé de 25 ans, escroc originaire du Mali , a vendu sa camelote à R. R., 47 ans, commerçant à Bordj, aujourd'hui furieux de sa stupidité. Le 10 octobre dernier, en plein centre-ville, K. A., lui a proposé de multiplier sa fortune par trois. Il fait une «démonstration parfaite» sous les yeux de sa victime, qui raconte : «Il avait du papier comme du buvard, des billets soi-disant noircis pour qu'il puisse passer les frontières, mais qu'il avait trouvé un système pour les laver. Il fait sortir un billet de 50 euros pour un essai. L'escroc place une plaque au-dessous et une dessus, comme un sandwich. Il passe le tout dans une poudre blanche. Il injecte un produit comme du mercurochrome. À ce stade, les deux billets sortent noirs. Alors, il verse un liquide incolore pour les laver, et deux coupures de 50 euros sortent impeccables. J'ai vraiment cru dupliquer les billets.» L'arnaque consistait à faire croire que les couleurs du vrai billet ont teinté les noircis. Persuadé de tenir la chance de sa vie, le commerçant rassemble ses économies, 15 millions de centimes, et les donne au Malien. «Il faut de la poudre pour laver les billets, mais ce produit se trouve dans une autre wilaya. Un ami peut me le vendre» , dira l'escroc au commerçant. Alors qu'il était en possession du sac et du passeport du Malien, le commerçant avait des doutes dès que le Malien s'est éclipsé. Le commerçant se rend compte de la vaste escroquerie dont il a été victime et porte plainte. Dans la même soirée, les policiers ont pu neutraliser l'escroc. L'enquête policière dévoile rapidement de nouveaux faits, et montre notamment que les victimes de ces fraudes ne portent malheureusement pas plainte car elles sont embarrassées par leur naïveté et se sentent personnellement humiliées. Certains, en plus, ont l'impression d'être eux-mêmes devenus des «criminels». Les enquêteurs de la police judiciaire, qui mettent en garde la population contre ce genre d'escroquerie, rappellent que «les escrocs présentent à leurs victimes, généralement des commerçants ou des hommes d'affaires crédules, un procédé chimique leur permettant de transformer de simples bouts de papier en billets de banque. Le liquide miracle et secret est alors vendu à la victime ou tout simplement se partagent, soi-disant, le gain. Les variantes sont infinies mais pour mieux faire saliver le volatile les escrocs racontent en général qu'ils sont en possession de plusieurs dizaines de millions de dollars détournés des caisses d'un Etat africain et volontairement maculés d'une substance noire pour éviter qu'ils tombent entre les mains de la douane. Manque de chance, il ne leur reste jamais assez d'argent pour se payer la potion magique et dans leur grande mansuétude ils proposent d'offrir une part de la cagnotte au premier qui acceptera volontiers de financer l'achat d'une nouvelle bouteille miracle. La sûreté de wilaya de Bordj Bou Arréridj rappelle aussi à la population le numéro vert 1548 qui est mis gratuitement à sa disposition.