Nacer Boudiaf, fils du défunt président Mohamed Boudiaf, a déclaré dimanche dernier, à la maison de quartier des Vignes Blanches de Sarcelles, dans la banlieue parisienne, sa détermination pour continuer son combat pour que la lumière soit faite sur l'assassinat, le 29 juin 1992 à Annaba de son père. Il était l'invité de l'Association sarcelloise d'amitié franco-algérienne et de l'Association de culture berbère du Val-d'Oise (95) respectivement présidées par Ali Abchiche et Boualem Sehrine. Prévue à 15h30, la conférence-débat n'a eu lieu qu'à 17h45. Nacer Boudiaf, portrait craché de son défunt père, est arrivé en retard vu la grève déclenchée cette semaine par des stewards et des hôtesses de l'air d'Air France. D'emblée l'auteur de Boudiaf l'Algérie avant tout,paru aux éditions Apopsix, animant sa cinquième conférence publique dans la banlieue parisienne depuis la sortie de son premier ouvrage, s'est excusé pour son retard. A la question posée par une Franco-Algérienne de savoir s'il s'investira dans la politique, le conférencier répondra : «Oui, je relancerai le parti de mon défunt père, le Rassemblement patriotique national (RPN), si le peuple y adhère...Ce qui arrive à l'Algérie me fait très mal et je pense que le peuple l'est aussi.» En ajoutant : «Mon père en six mois seulement a pu convaincre le peuple de son projet de société alors que depuis cinquante ans, personne n'a réussi à le faire.» A une question posée par un ancien adhérent du RPN concernant le motif de l'assassinat de son père, Nacer Boudiaf n'y est pas allé avec le dos de la cuillère : «Outre les affaires de corruption divulguées, comme l'affaire Hadj Bettou et l'affaire des faux moudjahidine, ce qui a le plus dérangé le système était sans doute la création du RPN.» «Mais ils l'ont pris de vitesse», ajoute le conférencier avant d'accuser plutôt les «hommes du Président» que ceux du «palais» d'avoir été complices d'une manière ou d'une autre dans cette affaire. Poursuivant son intervention devant une assistance, pour la plupart des jeunes, le fils du président Boudiaf a réfuté la thèse de «l'acte isolé» en soutenant plutôt le «complot». A ce titre ,il a parlé longuement du rapport de la Commission nationale dont les résultats selon lui, n'ont pas été publiés intégralement. «Une bonne partie a été occultée,pas moins de quarante pages, celles soulignant en particulier le rôle des services de sécurité.» Quant à la question du procès du sous-lieutenant Lembarek Boumaârafi, l'assassin de son père condamné, pour rappel, à la peine capitale, Nacer Boudiaf le qualifie de «pièce de théâtre». Une jeune fille lui demande à ce moment où en sont ses relations avec le président Bouteflika, il lui rétorque : «Très bonnes… Mais lui n'est pour rien dans cette affaire, il n'était pas là à l'époque, il a essayé de rouvrir le dossier et j'espère qu'il le fera un jour ne serait-ce que pour l'histoire.» A la question de savoir s'il n'était pas en campagne pour le relancement du RPN à travers cet ouvrage, posée par La Nouvelle République, l'orateur confirme : «Oui, je suis en pleine campagne pour reprendre le flambeau qu'avait laissé mon défunt père, d'ailleurs on va se réunir au mois de janvier pour le relancer officiellement à Alger, en tous cas il y a un engouement populaire envers ce projet, c'est un constat qu'on a fait depuis la sortie du livre.» Par ailleurs, jeudi, Nacer Boudiaf a été invité pour une conférence-dédicace par L'Aneld (Association nationale des élu(e)s locaux pour la diversité) ,vers 20h à la Maison des jeunes Guy Moquet à La Courneuve dans le 93 et c'était pratiquement la même qu'il avait donnée à Sarcelles, fief de Dominique Strauss-Kahn.