C'est le chiffre qui nous a été transmis par des sources sûres du secteur. Ce cheptel sacrifié pour le rituel culturel de l'Aïd est le plus important depuis l'année 1966. C'est le record absolu dans l'abatage des moutons du sacrifice. Ces 4,7 millions de têtes qui ont été achetées par les citoyens pour accomplir un devoir religieux représentent une véritable manne pour les éleveurs et les maquignons de conjoncture. Si nous prenons uniquement 4 millions de têtes avec un prix moyen de 25 000 DA, nous aurons un total de 100 milliards de dinars soit 1,3 milliard de dollars au change actuel. Record d'abattage absolu Au grand jamais, en Algérie, il n'y a eu autant de bêtes sacrifiées, sauf durant la période coloniale où presque l'équivalent en dromadaires a été décimé par l'armée coloniale pour fixer les familles nomades. Le cheptel sacrifié en respect de notre religion est plus important de tout le cheptel national ovin depuis 1966. Au même moment, les 3 millions de pèlerins à La Mecque ont sacrifié au maximum 3 millions de têtes. Malgré les prix excessifs appliqués par les maquignons en col blanc, la disponibilité ne faisait pas défaut et la qualité, de l'avis générale, est excellente, presque bio. En général, les carcasses des moutons sont charnues et ne contiennent que très peu de graisse, sauf pour ceux qui ont été engraissés en milieu clos. La plus mauvaise des journées des acheteurs est celle de jeudi dernier à Hassi Bahbah où les intermédiaires ont raflé la totalité des moutons avant le lever du soleil et les ont revendus deux fois et demi plus cher. Ce n'est qu'à la veille de l'Aïd que les prix sont revenus à leur cours initial sur les marchés à bestiaux des villes de la steppe et des Hauts-Plateaux. Cela a incité les habitants de ces villes et villages à acheter alors le mouton. Disponibilité et très bonne qualité Il n'y aurait pas eu autant de bêtes abattues si la disponibilité faisait défaut. Pour la qualité, les races ovines d'Algérie offrent une qualité gustative avérée. Après deux années consécutives de sècheresse et une bonne couverture végétale durant l'année 2011, où la transhumance de l'été a été abandonnée grâce à l'abondance des végétaux en zones de pâturage à El-Bayadh, Naâma et Béchar. C'est aussi que depuis 2008, il est question de vrais agriculteurs et éleveurs contrairement aux années précédentes. L'élevage prend alors sa véritable dimension. Quelques chiffres Si nous prenons les 4,7 millions de têtes de moutons et qu'on considère que la carcasse pèse en moyenne 30 kg, nous aurons 141 000 tonnes de viande rouge ovine, soit 4,7 kg de viande pour chaque Algérien. C'est deux fois la consommation moyenne de tous les Algériens durant le mois de Ramadhan, et ce, en plus des abats. Si nous considérons que la peau de chaque mouton fait en moyenne 1 m2 et si nous joignons toutes les peaux, nous aurons une tente de 470 ha. Si nous considérons que la toison pèse 4 kg en moyenne pour chaque mouton, nous aurons 18 400 t de bonne laine. Si elle est lavée, filée et tissée, tous les Algériens auront un chandail. La peau avec sa laine équivaut au 1/5° du prix de la bête, alors ceux qui ont payé 60 000 DA ont déboursé 15 000 DA pour la haïdoura qu'ils ont certainement jetée. En fin de compte, il faut bien qu'un jour la société s'organise et que ce segment économique soit mis à profit.