L'Aïd el Kebir est à nos portes. L'actualité chez nos voisins nous fait oublier que nous sommes en pleine période de Hadj. Ce 5e pilier de l'Islam a, parmi ses rites, le sacrifice d'un mouton pour ceux qui en ont les moyens. Cette année, le sacrifice du mouton risque de provoquer une véritable hécatombe dans un cheptel pas assez suffisant pour faire de la viande un élément du repas quotidien. Les augmentations de salaires et les rappels perçus ont permit à des ménages de changer leurs habitudes alimentaires, vestimentaires et autres. La consommation est relancée sans que la production ne suive réellement. La poussée inflationniste attendue se verra de manière plus forte sur le prix du mouton. On nous annonce déjà que les prix seront élevés mais cela n'aura pas d'impact sur ceux qui, pour une fois, pourront accomplir cet acte, que la faiblesse de leurs revenus ne leurs permettait pas. Cette année, les enfants seront plus nombreux à exhiber la brave bête destinée à être sacrifiée. Les enfants seront joyeux, les éleveurs et les maquignons seront heureux, seul le cheptel sera décimé en cette occasion bénie. Ce bonheur d'une journée aura une répercussion sur la population ovine l'année prochaine. Les brebis ont une période de gestation d'environ cinq mois et des portées de un ou deux agneaux. Le renouvellement du cheptel ne pourra se faire que sur une longue durée, l'Algérien n'ayant pas l'habitude de consommer de la viande d'agneau au prix trop élevé.La gestion du cheptel ovin ne semble pas se faire de manière ordonnée et planifiée. Cette année sera la démonstration que l'on peut détruire en une journée ce que l'on a mis des années à bâtir. L'Algérie est passée d'un cheptel de 18,7 millions de têtes, en 2004, à 22 millions en 2010. Cette croissance risque de disparaître cette année si rien n'est fait. On est en droit de penser que grâce aux augmentations de salaires, on verra quelques millions de bêtes disparaître en une journée et pour un prix moyen de 35 mille dinars.Cette situation n'est pas grave en soi mais interpelle sur bien des sujets. Faudrait-il importer des moutons pour faire baisser les prix et sauver un tant soit peu un cheptel encore insuffisant ? Faut-il revoir les méthodes d'élevage et passer d'un élevage extensif à une production industrielle de la viande ? Les réponses à ces deux questions, et à bien d'autres, sont du ressort de ceux qui nous dirigent. Quelques uns parmi les aînés se remémorent l'année 1996 au cours de laquelle Hassan II, défunt roi du Maroc, avait procédé au sacrifice au nom de son peuple pour permettre une régénération du cheptel marocain.Cette année, le rituel du sacrifice sera accompli par un nombre plus important d'Algériens. Il restera à déterminer qui sera réellement le mouton de l'Aïd. A. E.