C'est à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de lutte contre la violence contre la femme, coïncidant avec le 25 novembre de chaque année et dans le cadre de la semaine de sensibilisation à ce fléau social, qu'un bilan de la DGSN a été établi afin de mieux cerner ce problème qui touche notre société. L'Assemblée générale de l'ONU a proclamé, il y a douze ans, le 25 novembre Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Cette date a été choisie en mémoire des trois sœurs Mirabal, militantes dominicaines brutalement assassinées en 1960 sur les ordres du président Rafael Trujillo. Aujourd'hui encore, elles sont 7 042 femmes à être victimes de violences multiformes durant les neuf premiers mois de l'année 2011 à l'échelle nationale, selon par Mme Messaoudène, commissaire principal à la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) chargée des affaires de violence contre les femmes. Ce chiffre accablant renseigne sur la réalité que vit la gent féminine en Algérie. Ces dernières ont donc été victimes de différentes formes de violence, selon les chiffres données par les services de la DGSN : «5 047 femmes sur les 7 042 cas enregistrés ont subi des violences corporelles». Alors que 1 570 femmes ont été victimes de mauvais traitements de la part de leurs ascendants, 273 victimes d'abus sexuels, 24 victimes d'homicides volontaires et 4 cas d'inceste. Pour ce qui est du lien de parenté entre les auteurs des violences et leurs victimes, Mme Messaoudène a indiqué que, parmi les auteurs de violence, 3 431 n'ont aucun lien avec la victime, 1 540 sont des époux et 946 des proches des victimes. Par tranche d'âge, 1 512 femmes victimes de violences sont âgées entre 19 et 25 ans, 2 078 âgées entre 26 et 35 ans et 1 596 âgées entre 36 et 45 ans. Toujours selon cette responsable, 3.723 sont mariées, 2012 célibataires et 727 victimes divorcées. Les femmes sans profession ont été les plus exposées à la violence avec 4 734 cas, suivies de fonctionnaires (1 208) et d'universitaires (321), a poursuivi Mme Messaoudène précisant que la majorité des cas de violence (3 649 cas) ont été enregistrés le soir, 2 532 le jour et plus de 800 se sont déroulés la nuit. Selon les statistiques présentées 1 537 femmes victimes de violences n'ont aucun niveau d'instruction, 1 502 un niveau d'instruction en deçà de la moyenne et 1 465 un niveau moyen. Ce sont les grandes villes qui enregistrent le plus grand nombre de cas de violence à l‘égard des femmes, a précisé la commissaire principale, relevant que la capitale vient en première position avec 1 502 cas, suivie d'Oran (672) et de Msila (242). Ce phénomène, a-elle affirmé, n‘est pas propre à certaines wilayas seulement, dans toutes les wilayas des femmes sont violentées, y compris celles du Sud, à l'exemple d‘Ouargla avec 128 cas. Mme Messaoudène a tenu à rappeler les campagnes et les rencontres périodiques organisés par la DGSN pour sensibiliser les citoyens quant à la gravité de ce phénomène qui touche les femmes. La DGSN a organisé dernièrement un cycle de formation au profit de 53 officiers de police à l'échelle nationale pour les initier aux techniques de lutte contre la violence et au danger que représente ce phénomène pour les franges les plus défavorisées de la société, en premier lieu les femmes et les enfants. La violence conjugale, qu'elle soit verbale ou physique, peut laisser chez la femme qui la subit des blessures psychiques et physiques profondes. Sans compter qu'elle peut créer un milieu d'insécurité, un trouble psychologique et une perte de repère pour les enfants issus de ce couple. C'est pourtant un acte condamnable par la loi algérienne et l'auteur est poursuivi au pénal. En outre, il existe plusieurs associations et des centres d'écoute juridiques et psychologiques qui offrent et viennent en aide à ces femmes en détresse. Mais, dans la plupart des cas, la femme battue, muselée à jamais et désespérée, n'ose pas briser le silence ; elle engage rarement des poursuites et, même une fois celles-ci engagées, elle ne va jamais jusqu'au bout et retire sa plainte. Il faut dire que le poids «des qu'en dira-t-on» est encore trop lourd dans notre société. La femme, cette éternelle soumise, accepte, la mort dans l'âme, tout ce qui peut venir de l'homme, y compris les blessures, les coups et les injures. Dans sont esprit, il est totalement inadmissible et honteux de porter plainte contre son mari, le père de ses enfants, tel que nous le relève ce témoignage poignant de Hadjira, même si son mari n'hésite pourtant pas à l'avilir et à marquer son corps et son âme de «bleus» indélébiles. Le phénomène de la violence à l'égard des femmes a franchi la ligne rouge. Les coups qu'elles reçoivent ne sont plus seulement destinés à les humilier ou à les pousser à se soumettre, mais leur ils laissent souvent des séquelles à vie, quand ils ne les tuent pas tout simplement.