Dix mois après la chute de Hosni Moubarak, les Egyptiens sont appelés aux urnes pour élire leurs députés. Les Frères musulmans et les «salafistes» qui se sont démarqués subitement de la place Tahrir ont mis le paquet dans ce scrutin et partent favoris. Malgré l'appel au boycott et la manifestation qui continue sur la place Tahrir, des milliers d'Egyptiens se sont rendus aux urnes dès les premières heures de la matinée. Afin d'assurer le bon déroulement du scrutin, l'armée a encadré les bureaux de vote, donnant pour la première fois un «coup de main» aux forces de police. Le système électoral prévoit un découpage du pays en trois régions votant successivement. Le vote de lundi concernera le Caire, Alexandrie, deuxième ville du pays, ainsi que des gouvernorats, comme Louxor (Haute-Egypte). Le vote pour l'Assemblée du peuple (Chambre des députés) se déroulera ainsi jusqu'au 11 janvier, puis sera suivi du 29 janvier au 11 mars par l'élection de la Choura, la Chambre haute consultative. L'armée, qui assure la direction du pays, s'est engagée à remettre le pouvoir aux civils après la tenue d'une élection présidentielle, au plus tard fin juin 2012. Le islamistes et surtout les Frères musulman, demeurent la force la mieux placée pour remporter la majorité des sièges. Avant ces élections, les villes égyptiennes ont été ébranlées par des dizaines de manifestations suivies d'affrontements avec les forces de l'ordre faisant jusqu'ici plus de 40 morts et des milliers de blessés. Les élections ont été ouvertes au moment où des milliers de manifestants occupent toujours la place Tahrir, réclamant le départ du chef du Conseil suprême des forces armées et l'instauration d'un gouvernement du salut. Les informations en provenance des villes égyptiennes indiquent que les élections se déroulent dans un calme précaire mais sans incidents graves pour l'instant. La rue égyptienne parle d'une victoire grandiose des islamistes sauf surprise bien sûr. Toutefois, si les résultats tournent le dos aux islamistes, ces derniers crient à la fraude et occupent de nouveau la rue.