Le président de la CGEA (Confédération générale des entrepreneurs algériens), Habib Yousfi, appelle à un nouveau pacte économique et social, considérant l'ancien comme complètement dépassé. Il s'agit, selon lui, de définir une stratégie dans le domaine du développement économique global sans laquelle il n'y a pas de vision. Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, il appelle également l'Etat à mener la lutte contre le marché informel et la corruption. L'économie algérienne est gangrenée par ces fléaux, dit-il. Il constate que beaucoup d'opérateurs sont démobilisés de ce fait. Les pouvoirs publics, ajoute-t-il, doivent assainir la situation marquée par ce qu'il appelle le «mal économique», c'est-à-dire le marché parallèle, la corruption et le blanchiment. Il dénonce l'enrichissement illégal et demande au ministère des Finances de contrôler la circulation des fonds et les transferts de capitaux. Il y a exportation de capitaux, fait-il observer. Le président de la CGEA a évoqué l'attribution des commandes publiques dans le secteur du BTPH (bâtiment, travaux publics, hydraulique) à travers des cahiers des charges qui sont établis, selon lui, pour «exclure les opérateurs honnêtes et faire profiter les amis». Il justifie l'exemple pris dans le secteur du BTPH parce que c'est là où la commande publique est importante, évaluée, selon lui, à des milliards de dinars. Il illustre ces transactions malhonnêtes par le cas où après appel d'offres et soumission par de petites sociétés qui sont moins disantes, le marché est annulé pour faire bénéficier ensuite les amis qui proposent des prix très élevés, parce qu'il y a une partie du paiement qui va à la corruption. La corruption interpelle tout le monde, insiste-t-il. Pour Habib Yousfi, personne n'a le droit d'interpréter les articles du code des marchés publics. Il demande que les cahiers des charges des commandes publiques soient contrôlés par une commission de wilaya. L'administration doit être neutre dans la passation des marchés, estime-t-il. Le président de la CGEA demande que les décisions de la loi de finances complémentaire pour 2009 soient évaluées par un collège d'experts pour voir leur impact et aboutir à des conclusions.