Coopération dans les domaines de la Protection civile et du jumelage entre les localités des deux pays. Ce sont là les thèmes qui font de la visite du ministre de l'Intérieur français, Claude Guéant, qui a atterri à Alger avant-hier, pour une visite éclair, une visite tout ce qu'il y a d'ordinaire. Mais, nuance l'émissaire français de Nicolas Sarkozy, il s'agit, durant cette visite, d'aborder avec le ministre algérien de l'Intérieur, des sujets d'intérêts communs. Pragmatique, cette visite, en tout cas, intervient à l'approche des élections présidentielles en France et Paris a toujours su courtiser Alger à la veille de telles échéances, sachant que la visibilité d'une politique française favorable à des relations plus intenses entre les deux pays aurait certainement un effet très positif sur l'électorat français d'origine algérienne. Paris sachant où résident ses intérêts selon cette approche, c'est à Alger, selon le même pragmatisme, de savoir en tirer le plus grand profit en matière de coopération bilatérale, dont essentiellement le sujet qui a toujours été l'objet d'une controverse, à savoir la circulation des personnes d'une rive à l'autre de la Méditerranée. Si historiquement, sur les trois décennies qui se sont écoulées, l'Algérie a capitalisé une grande méfiance de la gauche française durant le règne Mitterrandien, aujourd'hui, la donne a complètement changé et il semble que les clivages qui permettaient de distinguer droite et gauche aient disparu, au point que le discours sur l'immigration soit devenu presque identique, la plupart des partis ayant décidé de ne pas perdre l'électorat populaire, celui-là même qui représente la majorité, que le Front national de Jean-Marie Le Pen aurait pu gagner à lui, si l'UMP, parti de l'actuel président de la République française, n'avait pas fini d'inventorier, au sein de son discours, tous les points d'une théorie xénophone et antimaghrébine. Quoi qu'il en soit, et malgré une réalité politique interne à l'Hexagone qui représente une posture de retranchement contraire à l'esprit d'ouverture qu'incarnait la France, Paris est décidée à mettre tous les atouts de son côté pour offrir un seconde mandat à Sarkozy, quitte à tendre une main aux électeurs de Le Pen et une autre aux immigrés et autres Français d'origine maghrébine. Que fera Alger ? La question est posée certainement trop tôt, puisqu'il s'agit de guetter une visite prochaine et probable du candidat de gauche à l'élection française, pour savoir ce que le pragmatisme d'Alger aura permis de faire comme choix. Néanmoins, et à voir la polémique que suscite à Alger comme à Paris la dernière née des lois contre les étrangers non communautaires, notamment l'interdiction faite aux étrangers diplômés en France de travailler dans l'Hexagone et celle que la presse française prête à Claude Guéant, d'enfanter bientôt, à savoir l'obligation, pour les Français d'origine étrangère de renoncer à leur nationalité d'origine, un appui d'Alger à Sarkozy semble peu probable, sauf si des intérêts moins circonstanciés et qui concernent les relations de long terme entre l'Algérie et la France sont mis sur la balance. En tout cas, il semble bien que Sarkozy, qui a dépêché, depuis 2010, plus d'un émissaire, dont deux ministres de souveraineté et un représentant personnel en la personne de Raffarin, soit tenté, avant d'affronter l'électorat français, et surtout celui d'origine maghrébine, d'effectuer une visite à Alger. Le contexte régional, les événements qui se sont succédé dans la région Mena ainsi que les divergences sur toutes ces questions entre les deux pays le permettront-ils ? La question demeure posée.