Jamais relations algéro-françaises n'ont atteint le degré de crispation qu'elles connaissent actuellement. Et les tentatives, multiples au demeurant, de débloquer la situation, auront été sans succès. L'Elysée cherche visiblement à donner une nouvelle impulsion aux choses. C'est du moins ce qu'il convient de déduire de ce projet de visite de Claude Guéant, le secrétaire général de la Présidence française. Selon TSA, qui cite une source diplomatique algérienne, celui qui est considéré comme la plume du président Sarkozy «a sollicité officiellement, il y a quelques jours, l'organisation d'un second déplacement à Alger», après celui de février dernier. Cette visite est confirmée, également, côté français par une source diplomatique qui explique que «Paris veut maintenir un contact permanent avec Alger». M. Guéant semble être plus à même de faire bouger les choses, car le principal concerné dans ce dossier -Bernard Kouchner, le ministre des Affaires étrangères- est persona non grata à Alger. En plus de ses positions hostiles à l'Algérie, durant les années 90, le ‘French doctor' s'est distingué, il y a quelques semaines, par une déclaration qui a eu pour effet de plomber les efforts accomplis à Alger et à Paris pour améliorer leurs relations. Le controversé Kouchner avait déclaré que les relations entre l'Algérie et la France iraient, sans doute, mieux le jour où la génération de l'indépendance, actuellement au pouvoir en Algérie, ne serait plus aux affaires. Et la mauvaise gestion du dossier algérien fait partie des griefs du président Sarkozy contre son ministre des Affaires étrangères dont le départ du Gouvernement est annoncé, à l'occasion du prochain remaniement ministériel du cabinet Fillon. Kouchner n'est pas, cependant, le seul obstacle. Le rebondissement de l'affaire Hasseni, auquel la justice française refuse le non lieu, complique une relation qui s'est détériorée depuis l'arrivée de Sarkozy au pouvoir. L'inscription de l'Algérie sur la liste noire, la libre circulation des personnes avec la renégociation des accords de 1968, le soutien au Maroc dans le Sahara Occidental et la problématique des investissements français en Algérie attisent les incompréhensions. Mais, du côté algérien, la loi portant criminalisation du colonialisme, initiée par les députés du FLN, n'est pas de nature à apporter de l'apaisement. Claude Guéant réussira-t-il à renouer les fils du dialogue entre Alger et Paris? L'entreprise a bien l'allure d'une gageure, compte tenu de ce lourd passif.