La maison de la culture Rachid-Mimouni, en collaboration avec la Ligue nationale de la littérature populaire, a organisé du 8 au 10 de ce mois la première rencontre maghrébine sur la poésie populaire féminine. Une vingtaine de poétesses venues de différents horizons du territoire national, à laquelle se sont jointes des participantes de Tunisie et du Maroc, ont clamé leurs flammes à leur patrie répondant ainsi au thème de cette rencontre placée sous le sceau de «La révolution et les innovations de la femme». Pour l'exemple, Fatima Bouzed d'Oran n'a pas manqué de relever le degré de conscience de la femme algérienne à travers une qacida où elle attire l'attention de ses compatriotes sur les dangers des ingérences étrangères. Elle ne manquera pas de faire remarquer que «les zaouias ont délaissé la poésie féminine» et citera le cas de Beggar Hadda, comme l'exception qui fait la règle. La question de la participation de la femme à la vie politique et la levée de boucliers déguisée de certains élus a reçu une réponse cinglante qui retrace le débat : «Je n'ai pas d'ennemis ici, mais un frère que je concurrence.» Toutefois, notre poétesse a condamné la corruption et la bureaucratie, qu'elle a qualifiés d'obstacles qui s'ajoutent aux réticences d'une société en autarcie. L'invitée tunisienne, Samira Echemtouri, quant à elle, a mis en avant la valeur de la liberté reconquise. Deux de ses poésies chantent le patrimoine de la femme bédouine et l'éveil des sens (les Cinq sens). A notre question sur la situation de la femme tunisienne après la révolution, elle répondra par l'immense horizon de libération de la plume, du verbe et de la parole qui s'ouvre désormais. Sa participation à cette rencontre maghrébine sur la poésie populaire lui a permis de mesurer «le développement et l'avancée des poétesses algériennes qui sont très nombreuses, contrairement à nous». «Le niveau de la poésie algérienne féminine est très relevé», jugera-t-elle. Samira Echemtouri a exprimé le vœu de voir cette rencontre s'élargir à toutes les poétesses arabes. Il est vrai que le salon d'honneur de la Maison de la culture, autre espace occupé par des femmes en habit de scène où des robes traditionnelles colorées de la Kabylie, de la Tunisie, des Aurès se sont mêlées au djelbab, au caftan et au reste dans une atmosphère festive. Les participantes donnaient l'air de se connaître depuis longtemps. Eloges et embrassades, poésies et amours fraternels faisaient de la séparation un déchirement. Sans aucune exagération. Incontestablement, le Maghreb des peuples existent déjà. C'est le reste qui est à bâtir. Des intellectuelles n'ont pas manqué de le souligner à travers des analyses sur la poésie féminine. De plus, cette rencontre a été rehaussée par la présence de trois figures féminines de marque, à savoir Brahim Nawel et Docteur Naïma Agherib, respectivement commissaire du Festival international du théâtre, professeur à Bordj El-Kiffan, femme de scène au théâtre Mahieddine-Bachtarzi ; la seconde nommée universitaire spécialiste des lettres populaires, alors que la troisième n'est autre que la commissaire du festival de Constantine. Des femmes expertes pour des poétesses, une rencontre tout à l'honneur de la gent féminine. D'ailleurs, les organisateurs ont mis en avant l'objectif essentiel de cette rencontre qui a consisté «à informer les jeunes générations sur les innovations des femmes durant la révolution». Comme il est question de promouvoir le patrimoine immatériel à travers l'encouragement de la recherche dans ce domaine où l'identité nationale est perceptible. Il va sans dire que cette rencontre a permis le rapprochement entre des femmes poètes qui ne s'étaient jamais connues auparavant. A l'échelle maghrébine, cela devient une prouesse. A enraciner coûte que coûte tant des trésors demeurent inconnus.