Abdelhamid Temmar, l'actuel ministre de la Prospective et des Statistiques, était hier à Annaba avec pour objectif l'explication du contenu de son livre La transition de l'économie émergente - Références théoriques - Stratégie et politiques. Le ministre était accompagné de plusieurs de ses collaborateurs qu'il a présentés comme ayant été les chevilles ouvrières du livre en question. «Une entreprise qui ne fait pas de valeur ajoutée doit disparaître. Cependant, il y a des secteurs que nous ne devons pas laisser tomber comme la métallurgie, la pétrochimie et l'électricité. Ils sont essentiels pour la croissance économique et le développement de notre pays. C'est pour ça que nous avons proposé de remettre sur rail 80 entreprises publiques économiques dans les secteurs essentiels pour la croissance économique» a lancé Abdelhamid Temmar quelques minutes avant de ponctuer son intervention de deux heures. A son auditoire composé essentiellement d'enseignants universitaires et d'étudiants de la faculté des sciences économiques et de gestion, le ministre a précisé que son œuvre est une référence incontournable dans la compréhension de la chose économique. Révéler aussi, et là est certainement le véritable motif de son déplacement, les effets sur l'Algérie de l'enrayement de la machine économique et financière mondiale. Comme l'avait fait Abdelkrim Harchaoui, 48 heures auparavant lors d'une conférence débat organisée à l'initiative du parti politique le RND, le ministre de la Prospective et des Statistiques a parlé d'indicateurs économiques défavorables étayant l'hypothèse d'une récession à l'échelle mondiale. Ces mêmes indicateurs ont été avancés par les nombreux intervenants au séminaire sur la compétitivité de l'entreprise pour situer l'économie algérienne. Entamé dimanche, ce séminaire s'était poursuivi hier en parallèle à la conférence débat animée par M Temmar. Les intervenants, majoritairement des experts et des chercheurs de plusieurs régions du pays, ont développé leur vision sur les conditions financières et commerciales, la baisse de la production industrielle, l'investissement, l'inflation et l'instabilité économique. Rien n'a été épargné au titre d'arguments pour préciser les risques encourus par notre pays si la crise financière aux Etats-Unis et en Europe venait à perdurer. Ces aspects ont été abordés lors des séminaire récents encadrés par la même faculté des sciences économiques et de gestion. Tous convergeaient vers les effets de la mondialisation, de la crise économique et financière sur les pays émergents et en voie de développement. Ils ont été également abordés par les 2 spécialistes en économie MM. Harchaoui et Temmar et beaucoup d'autres universitaires et hommes d'affaires. Le même auditoire a eu à écouter les arguments de Isaad Rabrab, le patron du groupe Cevital « on peut tout réussir en Algérie». Il était intervenu lors d'une conférence débat qu'il avait animé récemment à l'invitation de l'école préparatoire des sciences économiques, commerciales et sciences de gestion. Il y a eu les assises sur le développement local du Conseil national économique et social de Mohamed Seghir Babès un autre spécialiste en économie. Tout un monde d'acteurs directs et indirects était intervenu dans un cadre officiel sur des questions économiques d'actualité. C'est dire que le choc de la crise financière mondiale qui secoue actuellement le monde n'a pas laissé nos décideurs indifférents. C'est certainement à l'instigation de ces derniers que les 2 ministres l'ancien et l'actuel s'étaient déplacés à Annaba et d'autres régions. Tous les deux se sont attardés sur la mise en route de plans d'austérité dans différents pays européens. Ils ont aussi souligné la situation aléatoire des organismes financiers américains et européens touchés par l'éclatement des bulles spéculatives qu'ils ont eux-mêmes créées avec des pratiques abusives. La nécessaire privatisation des banques, la relance de l'investissement dont celui direct étranger, la mise à niveau des entreprises publiques et privées ainsi que l'introduction de l'innovation et l'éthique sont, selon M. Temmar, des atouts majeurs pour le développement de notre économie. Il a cependant précisé que la mise à niveau ou transformation de notre économie ne peut être réalisée en l'absence d'une administration publique forte, l'Etat étant le maître d'œuvre de toute politique relative au développement économique du pays. M Temmar a estimé incontournable le développement du secteur de l'expertise en collaboration avec le ministre de l'Enseignement supérieur et celui de la Formation et de l'Enseignement professionnels. Et comme pour souligner que des chamboulements inerviendront à très court terme dans la gestion de notre économie, le ministre de la Prospective et des Statistiques a cru bon d'ajouter : «Des projets de loi en ce sens sont en cours d'élaboration» En attendant de pouvoir vérifier ces propos qui vont au-delà de la prospective, bon nombre d'observateurs présents ont retenu plusieurs orientations. Comme ils ont estimé quelles que puissent être les nouvelles turbulences résultant de cette crise financière, la nouvelle donne a déjà une conséquence positive sur l'Algérie: L'éveil de nos économistes. Ce qui explique la multiplication des rencontres, séminaires, déclarations et leurs sorties sur le terrain pour le contact avec des acteurs directs et indirects de l'économie. Leur objectif est d'esquisser des perspectives économiques mais aussi politiques et commerciales à travers l'évaluation précise et minutieuse des moyens dont dispose notre pays.