Le Congrès américain n'arrive pas à trouver un compromis définitif concernant un projet de budget qui prévoit une prolongation de la durée d'une exonération fiscale pour 160 millions d'Américains de la classe moyenne, ainsi que l'extension de la durée des allocations chômage, qui devait expirer initialement le 31 décembre en cours. Malgré son adoption, samedi dernier par le Sénat, le projet a été finalement rejeté mardi par la Chambre des représentants, suite au vote négatif des républicains. Cette controverse entre républicains et démocrates a créé un tel désordre, faisant réagir le patron de la Maison-Blanche en «exhortant» les républicains de la Chambre des représentants «à mettre de côté la politique» et à soutenir la mesure votée par le Sénat. Le motif invoqué par le président républicain de la Chambre, John Boehner, est que la prorogation de cet avantage fiscal doit porter sur une année au lieu de deux mois en raison des incertitudes qu'elle cause pour les travailleurs concernés. Alors que les démocrates, et à leur tête, le président Obama, avaient fortement souhaité de prolonger ces allègements pour une année, mais ils n'étaient pas parvenus à s'entendre avec les républicains sur la manière de les financer : les démocrates voulaient obtenir une augmentation des impôts des plus riches, ce que les républicains ont refusé. Le président américain a accusé les républicains de la Chambre de recourir à des manœuvres politiciennes, affirmant que tout ce qu'ils cherchent est d'arracher des concessions aux démocrates sur les questions qui n'ont rien à voir avec une baisse des impôts sur les salaires. «Le peuple américain est agacé et las à cause de cette situation», a-t-il lâché. De son côté, le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, a envoyé un message similaire, en appelant les républicains à faire un geste responsable pour le peuple américain. Mais pour le chef de la majorité républicaine à la Chambre, Eric Cantor, un accord qui porte sur une extension de deux mois seulement des exonérations fiscales serait une mauvaise politique. «Les Américains de la classe moyenne et des couches ouvrières ont besoin d'être sûrs que leurs impôts ne vont pas augmenter sur l'ensemble de l'année prochaine», a-t-il déclaré. Soulignant que les familles, les employeurs et les travailleurs ne «peuvent pas vivre leur vie au mois par mois», il a considéré que Washington doit cesser «d'ajouter de la confusion et de l'incertitude dans la vie des gens». Mais la prochaine étape pour résoudre la situation paraît extrêmement incertaine : le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a accusé le parti républicain de s'être retiré d'un accord conclu, pourtant, entre les deux partis au Sénat, et a menacé de ne pas nommer des négociateurs du Sénat pour relancer les pourparlers. Pour M. Reid, une prorogation de deux mois donnerait du temps aux parties pour conclure un accord pour une année entière, estimant inconcevable que la Chambre des représentants bloque un compromis qui protégerait les familles de la classe moyenne d'une augmentation de la hausse des taxes dès janvier prochain. Si un accord n'est pas établi sur la question d'extension des délais d'exonération des avantages fiscaux, les impôts sur les salaires passeront de 4,2% à 6,2% à partir de janvier 2012.