A l'approche des élections législatives, la peur s'installe de nouveau chez les Algériens, inquiets de voir le pays plongé dans le même scénario que celui des élections locales de 1990. Afin de parer à toute éventualité, des dirigeants de plusieurs partis politiques envisagent de se rassembler dans un seul pôle démocratique pour contrer l'autre front qui sera constitué exclusivement de mouvements islamistes. En effet, l'ensemble des facteurs qui ont permis aux islamistes de l'ex-Fis dissous de bourrer les urnes en 1990 demeurent toujours intact. En plus de la montée de l'intégrisme, l'instrumentalisation de l'islam est toujours d'actualité et ce, malgré l'interdiction de cet état de fait par la Constitution. Si l'ex-parti qui a violé les lois de la République a été mis hors d'état de nuire, trois autres mouvements ayant la même idéologie que le premier, constituent une menace sérieuse pour le pays. C'est pour cette raison que des dirigeants de partis ont jugé utile de se regrouper dans un seul pôle démocratique afin de sauver la République. L'appel au rassemblement lancé par le MSP aux mouvements islamistes a alerté les dirigeants des autres partis en lice qui trouvent que seul le regroupement dans un pôle démocratique pourrait éviter un scénario de 1990. «Ce n'est pas parce que les mouvements islamistes détiennent un projet plus meilleurs ou par ce que leurs dirigeants sont plus contents, que nous avons peur qu'ils arrivent au pouvoir» nous a déclaré un dirigeant d'un parti démocratique. Notre interlocuteur nous a ajoutés que le recours à la religion est la seule et unique manière qui permet à ces mouvements de faire le plein dans n'importe quelles élections. «En principe, ces partis devraient se conformer à la loi de la République, dans le cas échéant, ils seront purement et simplement dissous», a-t-il indiqué. Malheureusement, la conjoncture actuelle et les événements qui secouent les pays arabo-musulmans ne le permettent pas de le faire. A ce même sujet, plusieurs militants des partis démocratiques ont déclaré qu'ils ne sont pas contre ces mouvements mais contre l'utilisation de l'islam pour leur permettre d'accéder au pouvoir. Prenant la parole, Samir a expliqué que l'islam est un moyen de culte comme l'ensemble des religions et ne peut en aucun cas être exploité à des fins politiques. «Ecoutez, lors des élections locales de 1990, le FIS avait fait le plein non pas pas parce qu'il a présenté un projet politique fiable mais grâce au Coran», a-t-il conclu. Pour Leila, les Algériens qui sont à 90% des Musulmans ne peuvent que donner leurs voix à celui qui représente l'islam. C'est le même constat des autres militants qui trouvent qu'un parti devrait se doter d'un programme politique mais pas religieux. Afin d'éviter un scénario de 1990 et pour ne pas tomber dans le même piège que la Tunisie ou l'Egypte, il est indispensable que les autres partis démocrates se regroupent dans un seul pôle, a fait savoir un sénateur démocrate. Pour nos interlocuteurs, l'essentiel pour l'instant est que les démocrates remportent les élections et peu importe celui qui sera à la tête de ce pôle. En somme, les dirigeants et militants de plusieurs partis trouvent qu'il est temps de se réunir et de se regrouper sous la bannière de ce pôle pour sauver la République.