Comme au temps du parti dissous, de nombreux opportunistes profitent de cette formation. La montée du mouvement El-Islah aux législatives et aux locales n'est pas le fruit d'une renaissance du mouvement islamiste. Selon certaines sources, le parti de Djaballah n'est pas le nouveau FIS comme certains ont voulu le faire croire, puisqu'il regroupe dans ses rangs, plusieurs élus et députés qui n'ont rien à voir avec la ligne politique de Djaballah ou l'idéologie du courant islamiste. Il est vrai que le jeune cheikh du mouvement El-Islah a été obligé de chercher dans le milieu des affaires et du trabendo, les futurs candidats de son parti aux législatives et aux locales après que le ministre de l'Intérieur M.Zerhouni, eut écarté tous les sympathisants du parti dissous et militants islamistes radicaux des listes de son parti. C'est ainsi que le propriétaire d'un cabaret se retrouve député d'El-Islah à Alger. Ou encore cet élu du mouvement de Djaballah qui s'est enivré le jour de son élection à la commune. Si certains membres du parti de Djaballah sont connus pour leur attachement à la religion et à ses principes, les nouveaux élus ne se sont pas encore débarrassés de leurs habitudes de fêtards, et continuent à suivre leur rythme. Une mauvaise réputation qui a obligé Djaballah à réagir et à critiqué ces brebis galeuses de son parti. Pour un député rencontré à l'Assemblée, le mouvement El-Islah est en train de desservir la cause islamiste en ouvrant son parti aux opportunistes. Le cheikh avait pourtant deux objectifs: grossir les rangs de son parti et faire un bon score aux élections même avec des militants non représentatifs du mouvement et rassembler le plus grand nombre de bailleurs de fonds et bénéficier ainsi d'une puissance financière non négligeable qui lui servira à la prochaine présidentielle. Un objectif en partie atteint puisque le mouvement Islah se retrouve troisième force politique, avec en prime plusieurs hommes d'affaires dans sa composition. Mais ces faux islamistes peuvent, demain, nuire à la réputation d'un parti qui s'est imposé par le discours radical et une ligne politique claire. L'alliance rapide entre les élus El-Islah et FLN aux communes, considérés comme deux formations aux devenirs et aux objectifs opposés, est un autre signe avant-coureur de l'opportunisme de ces nouveaux élus dont l'objectif précis est de tirer le plus de profit de cette expérience politique et bénéficié sur le dos de l'islamisme des privilèges de la République.