Même si rien d'officiel n'est venu l'étayer, la nouvelle de l'adhésion d'Ali Benflis au Mouvement de redressement et de l'authenticité (MRA) que préside Salah Goudjil circule avec insistance dans les milieux politiques. L'information est amplement discutée dans la majorité des kasmas FLN occupées par les authentificateurs. Elles sont secouées par ce qui paraît être un véritable remue-ménage généré par cette annonce. Interrogé, le Pr Azzedine Ayadi, porte-parole du MRA à Annaba, a estimé que ce serait «une bonne décision» pour le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle, ajoutant : «La majorité de ceux restés fidèles à M. Benflis, et ils sont très nombreux, ont rallié notre mouvement. Il serait dans le cours normal des choses que si Ali soit partie prenante de l'opération que nous menons pour remettre sur les rails le FLN, le vrai, l'authentique.» Au MRA, l'on affirme que cette adhésion pourrait être confirmée dans les prochains jours lors de la cérémonie officielle d'installation du mouhafadh du MRA à Alger par Salah Goudjil. Ce que dément formellement une personnalité politique proche de Ali Benflis qui a affirmé : «Jusqu'à preuve du contraire, cette information est totalement fausse. M. Benflis n'a jamais abordé cette question et cela m'étonnerait qu'il l'ait fait ou qu'il soit amené à le faire.» Le même démenti avait été fait par Karim Younes, l'ancien ministre de la Formation professionnelle, lors de la présentation de son livre De la Numidie à l'Algérie – Grandeurs et Ruptures. Pour l'heure, le mouvement de Salah Goudjil se prépare activement à désigner ses représentants dans chacune des 48 wilayas du pays. Des mouhafadhas ouvriront leurs portes dès le 15 janvier, date prévue pour l'élection du premier responsable politique local. Aussitôt installé dans ses fonctions, il aura la charge de préparer les prochaines législatives auxquelles le mouvement participera avec des listes de candidats indépendants. Recueil des dossiers de candidature et accueil des militants anciens et nouveaux opposés à la gestion du vieux parti par Abdelaziz Belkhadem, l'actuel secrétaire général, sont les deux autres missions imparties au mouhafadh de chaque wilaya. Ainsi, il a suffi de quelques mois de travail régulier, pour que les authentificateurs s'imposent sur le terrain. Par leurs activités, leur militantisme et leur travail de proximité avec les populations, les militants du MRA ont éclipsé les rares fidèles de Abdelaziz Belkhadem. On fait le décompte des contradictions et des bourdes commises par ce dernier comme celle de la composante humaine du comité central du parti. Ainsi, sur les 351 membres de ce comité, 80 seulement répondent aux critères, 109 ne les remplissent pour prétendre à cette qualité et 50 sont sans relation aucune avec le parti ; venus au congrès à titre d'invités, ils se sont retrouvés membres du comité central. Bourde aussi le fait d'avoir permis à des personnes étrangères au FLN de financer le congrès pour l'équivalent de 160 millions de dinars. «Le parti n'a versé aucun centime. Or, la réglementation lui impose de prendre en charge financièrement 70% des frais de cette manifestation. C'est dire qu'une méchante houle s'est levée à travers les kasmas de toutes les régions du pays. Elle semble avoir faussé tous les calculs du SG du FLN et des quelques fidèles sur lesquels il peut encore compter. Il est certain que cette confrontation marquera au fer rouge le vieux parti. Il s'agit d'un choc entre ceux qualifiés d'opportunistes toujours à la traîne de Belkhadem et les redresseurs purs et durs menés par Salah Goudjil. La situation s'est durcie ces derniers jours à quelques encablures des législatives. Les sombres prémices de cette confrontation se précisent jour après jour. La volonté réitérée des authentificateurs d'assimiler Abdelaziz Belkhadem à une marionnette politique uniquement intéressée par le pouvoir et les avantages qu'il sous-entend, et leur revendication à remettre le FLN sur les rails semble porter ses fruits. Certes, certains ténors du vieux parti se sont mis en stand-by. Ils ne se sont toujours pas clairement exprimés pour ou contre l'actuel secrétaire général. Cependant, leur long silence et leur absence de réaction aux frappes continuels assénés à Abdelaziz Belkhadem est synonyme de lâchage de ce dernier. D'autres ont pris le large pour rejoindre Salah Goudjil. Ils ont pour nom Abderachid Boukerzaza, Mostefa Kara, Abdelaziz Khalaf, El-Hadi Khaldi, Abdelkader Bounekraf, des anciens ministres. Abdelkrim Abada, Hama Chouchène, Med Bourayou, Maherzi Brahim, eux, sont des anciens baroudeurs du FLN autant que beaucoup d'autres membres du bureau politique ou comité central qui ont rejoint les rangs des authentificateurs. En affichant clairement ses accointances avec ceux qui n'ont jamais caché leur opportunisme, Abdelaziz Blekhadem a fait le jeu de ses adversaires.