C'est le cri de détresse d'une maman, dont la fille est handicapée de naissance et qui peine à la soigner, ne sachant pas à quelle porte frapper ni à quel saint se vouer. De Libye, où elle habitait jusqu'en Algérie, son pays d'origine, des murs se dressent devant elle. Ne voyant aucune issue, Saliha Sadrati, la maman en question, s'est adressée à notre rédaction, accompagnée d'une jolie petite fille, âgée de 9 ans : Dania Abbas. Les rapports des médecins, que la maman nous a remis, témoignent sans l'ombre d'un doute que la petite présente un comportement psychotique sur une trisomie 21. Dania est une enfant instable, agressive, qui n'est pas autonome, que ce soit sur le plan alimentaire ou vestimentaire. Elle souffre d'un retard global dans le développement psychomoteur. Les rapports indiquent aussi qu'elle n'a bénéficié d'aucun suivi médical depuis sa naissance. Et de ce fait, une insertion dans un centre spécialisé, pour un suivi intense afin de développer ses capacités et corriger son comportement, est fortement recommandée. La maman a fait des demandes dans cinq centres spécialisés, en Algérie, malheureusement, la liste d'attente et sur deux ou trois ans. «Je suis allée aux centres de Douéra, de Bologhine, de Bachdjerrah, de Birkhadem et celui de Bousmaïl. Seulement, ils m'ont fait savoir qu'ils ne peuvent pas l'accepter, car il y a des demandes à respecter avant la mienne», nous dira-t-elle avec dépit. La Libye a refusé de prendre en charge la petite Dania, sous le prétexte qu'elle n'est pas libyenne, et que c'est à l'Algérie de s'en occuper. Pourtant, son acte de naissance démontre le contraire. «Vous avez un pays riche, allez vous soigner là-bas», lui dira une Libyenne, employée dans l'association caritative, dont Aïcha Kadhafi, elle-même, est la présidente. La mère s'est vue contrainte de rentrer au pays, surtout après le conflit qui a éclaté en Libye. Sa vie n'a pas été de tout repos dans son pays, non plus. Le ministère de la Solidarité, première destination après son arrivée, a promis de prendre en charge le cas de Dania. Il s'est avéré toutefois que ce n'étaient que des promesses, puisque depuis le mois de février, aucune personne du département Barkat n'a pris contact avec la maman. Sous les conseils de sa famille, elle décide d'emmener sa fille à Dubaï, et qu'elle ne fut sa surprise, quand les autorités des Emirats lui ont refusé son visa, et l'ont renvoyé au pays après l'avoir incarcéré pendant deux jours, sans manger ni boire, menacé d'emprisonnement et délesté de tout son argent. «J'ai été traitée comme une vulgaire terroriste», nous dira-t-elle. «Nous sommes humiliés partout sans que notre Etat ne daigne bouger le petit doigt», déclarera-t-elle. Après avoir relaté son histoire, Saliha nous lancera, avec amertume mais sans le moindre doute : «Si j'étais partie chez les juifs, ils n'auraient pas refusé de soigner ma fille.» Nous joignons nos voix à celle de Saliha, qui interpelle tout le monde, notamment, les ministères de la Solidarité, de la Santé et celui des Affaires étrangères, leur demandant de faire le travail qui leur incombe, autrement dit, de prendre en charge nos citoyens, ici et ailleurs, sinon, on se demande à quoi ils servent vraiment ?