Deuxième jour de grogne des habitants du haouche dit Château d'eau, au centre-ville de Bouira. Ces derniers ont procédé à la fermeture du boulevard Amirouche qui mène vers le siège de la Radio locale et le tribunal à l'aide de pneus brûlés et autres objets hétéroclites. Ils ont aussi accroché l'emblème national. Elles étaient une cinquantaine de familles qui vivent dans des conditions précaires depuis plusieurs décennies à sortir dans la rue. Elles se disent déterminées à aller jusqu'au bout de leur revendication qui se résume en un seul et unique point, l'octroi d'un logement décent. «C'est le calvaire depuis les années 1970, je dispose d'une seule chambre, au nom de Dieu mettez-vous à ma place, nous dira ce père de dix enfants. Et à un autre d'ajouter : «Je m'appelle Khelifa, je suis né en 1958 dans ce haouche, j'occupe un espace de 58 m2 que je partage avec sept membres de ma famille et les rats, j'ai toujours vécu avec les promesses de recasement faites par les autorités.» «Venez voir de vous-même, s'écria cette mère de famille. Le toit de la maison s'est effondré, je vis sous le risque avec mes enfants, notamment en cette période d'hiver». Et de poursuivre : «Hier, le wali nous a invités à aller au siège de la wilaya pour le rencontrer afin de d'essayer de trouver une solution à cet épineux problème, on a désigné une délégation composée de six personnes tous sensés et âgées, or une fois sur place, il refusa de nous recevoir, c'est son chef de cabinet qui exigea de nous de libérer d'abord la route pour discuter par la suite.» Un jeune abonde à son tour : «On n'a pas besoin de travail, mais d'un toit, on restera ici jusqu'à ce que les autorités concernées trouvent une solution à notre calvaire.» Par ailleurs, à Kalous, une localité de la commune d'Aomar située à 15 km du chef-lieu de wilaya, une dizaine de personnes ont procédé à la fermeture de la RN5 avec des troncs d'arbre et des pneus enflammés. Sur place, la Gendarmerie nationale a tenté de les ramener à la raison en favorisant la communication mais en vain. Là aussi, c'est une histoire de logement. Un projet de regroupement familial de l'agence foncière de la wilaya qui date de l'an 2000 est toujours non achevé, selon les citoyens. Chose confirmée par un élu à l'APC d'Aomar, présent sur les lieux. Ainsi, sur les 163 logements prévus, seuls 70 ont été attribués. Il y a six ou sept mois de cela, une vingtaine de familles avaient récupéré les clés de leurs logements, semi- finis qui ne disposent ni d'eau ni d'électricité. «La plupart des familles ne peuvent pas honorer le paiement de leur quota-part qui s'élèverait à 19 millions de centimes, à cause de leur situation socio-économique, pourquoi ne pas faire leur conversion en social», dira un jeune de Kalous. «On est fatigués des fausses promesses données à nos parents, aujourd'hui, les autorités doivent comprendre qu'on est déterminés à poursuivre notre action jusqu'à la satisfaction de nos revendications dont l'alimention en gaz naturel et en eau potable et autres infrastructures pour les jeunes», a-t-il ajouté.