Les marins interpellent l'opinion et les pouvoirs publics pour trouver une issue à la crise imposée par le différend entre le Groupe Cnan et son partenaire étranger Pharaon. Une assemblée générale est prévue demain à Alger au niveau du siège d'IBC, une des filiales du groupe Cnan. Ils sont 250 marins en chômage technique depuis janvier 2011 et leur situation n'a pas évolué jusqu'au jour d'aujourd'hui. Le hic est qu'ils sont laissés à leur sort sans rémunération et par conséquent sans couverture sociale. Pour mettre fin à cette souffrance, ces marins se sont organisés de sorte à avoir leur propre syndicat afin de défendre leurs droits. Les différentes tentatives de se rapprocher des autorités concernées n'ont pourtant pas abouti à grand chose et, par conséquent, l'organisation d'une assemblée générale au niveau du siège de la société IBC est devenue inévitable. Le secrétaire général du syndicat du personnel navigant, Rabah Youtichene, déclare à ce propos : «Jusqu'à présent, nous les marins, nous ne disposons pas d'éléments concrets nous permettant d'émettre des pronostics quant à la réaction potentielle des pouvoirs publics par rapport à nos réclamations. Mais de manière générale, on peut dire que nos revendications bénéficient aujourd'hui d'un intérêt de la tutelle, puisque cette dernière a saisi par écrit toutes les compagnies sous pavillon national pour absorber le sureffectif généré par l'arrêt des navires.» Et de poursuivre : «Cette opération provisoire, en attendant le rapatriement de nos navires, n'a pas donné les résultats escomptés. Il est utile de rappeler que ces marins sont permanents au sein d'IBC, qui a pour obligation de défendre leurs intérêts et garantir leurs droits.» Pour ce faire, le syndicat en question a prévu une assemblé générale demain à 10h, une occasion pour évaluer le dossier et prendre une décision commune qui doit définir les actions futures. Tout a commencé en 2007 lorsque IBC, une des filiales du groupe Cnan, avait ouvert son capital social au Groupe Pharaon qui est composé de partenaires saoudien, jordanien (CTI) et algérien en tant que personne physique, M. Laradji, avec, respectivement, 24,5%, 24,5% et 2% des parts. Les 2% de Mustapaha Laradji ont permis de garder la flotte sous pavillon algérien. Cette joint-venture concerne 8 navires dont Nedroma, Nemamcha et Blida. Le Groupe Pharaon, auquel les navires ont été affrétés pour une période de 5 ans, réclame 12 millions d'euros, représentant, selon lui, les frais de réparation des trois navires cités en haut dans des chantiers qu'il a lui même choisis, en vertu d'une close de la charte qui le lie à IBC, à des prix très bas et sans révision aux frais de cette filiale. La compagnie a jugé le montant excessif étant donné que c'est à elle que revient le payement des factures de réparation. Une situation qui a fini par envenimer les relations entre IBC et son partenaire saoudien. Actuellement, l'affaire est pendante devant une juridiction. IBC, dont le groupe détient 49% des parts, est au centre de deux arbitrages judiciaires, en l'occurrence les tribunaux de Paris et de Londres. Conformément au contrat de cession, le partenaire étranger s'est engagé à maintenir le personnel navigant algérien pour une durée de cinq ans, soit de septembre 2007 jusqu'à septembre 2012. Mais un litige est survenu et a fait que ce personnel navigant s'est retrouvé entre le marteau et l'enclume. Trois des navires ont été désarmés au large de Peiraus, en Grèce, en 2009, pour des raisons de non-rentabilité d'après l'affréteur Lead- arrow, une filiale de CTI. Le reste des navires a connu le même sort, excepté le Blida qui était aux mains des pirates somaliens. Le personnel navigant d'IBC a vu alors son salaire suspendu pour cause de chômage technique. Il revendique «l'amorce d'un dialogue sérieux et immédiat avec la partie concernée pour prendre à bras le corps ses revendications légitimes à savoir un salaire d'attente ou une indemnité de chômage technique en attendant le rapatriement des navires», car, souligne-t-il, «la patience ne serait se prolonger indéfiniment».