Les prix des produits de première nécessité n'ont été pas «fondus» par les flocons de neige qui ont couvert le pays. En 24 heures, la mercuriale a atteint les sommets. Dans un marché curieusement peu achalandé, chacun vantait sa marchandise. Les mêmes cris et interjections s'élevaient des différents coins. Vieux et jeunes marchands ont adopté, voire hérité, des traditions du travail qui se fait presque de la même manière depuis belle lurette. Au niveau du marché des Annassers, une augmentation phénoménale des prix a concerné tous les produits. Le poulet s'est envolé pour atteindre les 450 DA/kg ; la pomme de terre qui était à 50 DA/kg frise les 80 DA ; la dinde s'est «étirée» jusqu'au niveau des 800 DA/kg ; la tomate annoncée avant la neige à 50 DA est allée rejoindre les autres en affichant les 150 DA/kg ; idem pour la courgette, le navet et la carotte qui sont passés à un stade supérieur. «L'explosion des prix est effrayante», lance ami Tayeb, deux sachets de fruits et légumes à la main. «Les trois ou quatre produits que j'ai dans ce sachet pèsent près de 1000 DA, il y a une inflation de 40% minimum», rétorque ce retraité, qui achève se ses courses dans un des marchés les plus fréquentés de la capitale. La flambée des prix de ces dernières 72 heures a affecté, à des degrés différents, le budget du fonctionnaire, du stagiaire, de l'étudiant, tout comme ceux de la femme au foyer ou le père de famille. «Où est le contrôle des prix ?» s'interroge un consommateur. Un fonctionnaire, Hocine, 54 ans, fait remarquer que «les pères de famille doivent faire face, de nos jours, non seulement à une situation sociale et financière médiocre, mais également à la flambée des prix à un rythme rapide et continu». Toutefois, l'optimisme est de rigueur chez certains. «La neige passera, le beau temps reviendra et les prix retomberont ; ces spéculateurs sans foi ni loi nous inviteront à revenir chez eux et nous diront : «Oualah que ce n'est pas nous, nous sommes aussi des pères de famille, et nous avons souffert pour ramener ces produits, etc.“» En attendant, d'autres ferment l'œil et ne sont nullement gênés par cette hausse, au contraire. Un jour peut-être, le contrôle frappera plus fort et on verra le marchand verbalisé pour un défaut d'affichage. Qui sait ? Par ailleurs, la bouteille de gaz butane s'affiche à 600 DA, alors que la bonbonne de gaz est cédée à 200 et 300 DA à l'est du pays.