Lors d'un colloque à l'Assemblée nationale française, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a déclaré que «toutes les civilisations ne se valent pas». Il n'a pas cru utile de préciser que c'était la sienne la meilleure, tant pour lui «cela va de soi». Ce ne sont pas là des paroles en l'air, puisque même dans le discours écrit Guéant persiste et signe en appelant à protéger sa dite civilisation qui selon lui serait menacée. «Contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient», a-t-il argumenté, ajoutant : «Celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique.» Par voie de conséquence, pour le ministre chargé de l'immigration en France, il y a une hiérarchisation entre hommes et sous-hommes. Dans un communiqué, SOS Racisme parle d'«une dérive vers des extrêmes inacceptables, structurés notamment par des logiques d'infériorisation de l'Autre». Pour enfoncer le clou, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, «l'ami de Bigeard» a estimé que la phrase de Claude Guéant était «intéressante dans son contexte» et qu'il fallait «condamner le relativisme». «Dire que le respect de la personne, que le refus de la peine de mort par exemple hiérarchisent des comportements, des cultures, des civilisations me paraît d'une banalité totale» (sic). Il faut rappeler que Claude Guéant n'est pas à sa première provocation. En avril dernier, il estimait que l'augmentation du nombre de fidèles musulmans posait «problème» en France. A la fin mai, il déclarait que «les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés». D'après les observateurs, le jusqu'au-boutisme de Guéant et la survenue de cette nouvelle polémique à moins de trois mois de l'élection présidentielle serait motivé par un «forcing» de la majorité à l'endroit de l'extrême droite, chasse gardée du FN. Quoi qu'il en soit, une chose est sûre, cette sortie traduit bien le désarroi dans lequel se trouve l'équipe du candidat Sarkozy en chute libre dans les sondages.