Mais qu'ont-ils bu ces prêcheurs de l'«axe du bien» ? Apparemment, le jus de chaussette aurait fait son effet. Regardez-les afficher leur gueule de bois face aux caméras, après le double veto sino-russe au Conseil de sécurité. Véritable fiasco pour ces aspirants à une nouvelle guerre en Syrie qui ont déployé toute leur hypocrisie pour amadouer les Chinois et les Russes. D'une part, il y avait la carotte : pas mal de concessions avaient été faites au fur et à mesure des discussions par les Occidentaux, avec la reconnaissance – bien tardive – de la violence des groupes armés de l'opposition, la réaffirmation de l'engagement de ne pas perpétrer d'intervention militaire comme naguère en Libye ; et même, dans l'ultime version marocaine du projet, la mention explicite du retrait politique de Bachar avait disparu. Et, d'autre part, la menace, le bâton : jusqu'au dernier moment, ce samedi 4 février, les «humanistes» et leurs vassaux arabes ont multiplié les condamnations orales et morales du gouvernement syrien, tentant d'exploiter les sanglants incidents de vendredi à Homs, présentés par l'opposition et les médias comme un massacre délibéré de 200 civils par l'armée, alors que ce qui se passe dans cette ville n'est ni plus ni moins qu'un affrontement entre soldats et insurgés armés. Du coup, les merles ont entamé leur hymne hypocrite. Obama, fort sans doute qu'il était du bilan américain en Irak et en Afghanistan, dénoncera le caractère «abominable» du «régime». Alain Juppé – d'ailleurs très justement défini il y a moins de 48 heures par le président sénégalais comme un «sous-ministre américain des Affaires étrangères» – parlait à propos de Homs de «crime conte l'humanité», oubliant les milliers de cadavres libyens qu'il a allégrement enterrés dans les tréfonds de son cerveau atlantiste et technocratique. Dans ce registre contrit, Ban Ki-moon, qui a refusé de recevoir les familles des prisonniers en Palestine, et n'a ménagé aucun effort pour faire des Nations unies, un synonyme des Etats-Unis, vient à son tour confabuler que le double veto sino-russe risquait d' «amoindrir» le rôle de l'organisation internationale. Apparemment, le bonhomme aurait pris une forte dose de barbituriques pour se réveiller ainsi. Autre personnage grincheux, le représentant français à l'ONU Gérard Araud – digne élève de son patron Alain Juppé en arrogance et moralisme à sens unique – a accusé le coup – et les Russes et les Chinois – à la tribune, exprimant en substance que le combat pour la démocratie et la justice continuerait. Face à ces réactions, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, semble avoir trouvé les expressions adéquates à ces transes occidentales : «Certaines voix en Occident qui réagissent au vote à l'ONU sont indécentes et presque hystériques», a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse. Même son de cloche chez les Chi-nois : «La Chine n'accepte pas les accusations des Etats-Unis sur le veto sino-russe sur la Syrie», a dit Liu Weimin, lors d'un point de presse régulier, en référence aux propos accusateurs de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton qui a vomis sans regarder du côté de Ghaza : «Les pays qui ont refusé de soutenir le plan de la Ligue arabe-soutenu par l'Occident- portent la responsabilité pleine et entière de protéger le régime de Damas». Alors ? C'est encore raté…