L'un des plus populaires chanteurs de châabi, Sid-Ali Driss, a présenté, mardi après-midi, à la presse nationale, son dernier album, dépourvu de titre particulier, au niveau du Centre de loisirs scientifiques de Didouche Mourad à Alger. Pour rappel, Sid Ali Driss qui n'est autre que le neveu du regretté talentueux chanteur châabi El-Hachemi Guerrouabi, est né en 1956 à Tizi Ouzou. Il commence à s'intéresser à la musique après avoir admiré et imité pendant longtemps El-Hachemi Guerouabi. Sid-Ali débute par des chansonnettes avec, comme seul instrument de fortune, une guitare. Faute d'avoir fréquenté le conservatoire, il se tourna vers la société musicale de son quartier El-Anasser «El Fen Wel Adeb» que dirigeait Cheikh Réda Djilali. Il se fait remarquer dans l'émission Alhane Oua Chabab avec Tlata Zahoua Mrana (Paroles de cheikh Ben Amar) et en 1975, par Taalete Be Sidi Aadeel Ghiba. Son jeune orchestre se compose de Boutriche (violon), Azib (banjo), Guidri (derbouka) et Si Saber (tar). Animateur et producteur de l'émission fétiche radiophonique «Khahwa ou lateye» sur les ondes de la chaîne III, Sid Ali Driss propose un album de deux titres, entièrement consacré au poète du melhoun Khaled El-Mendassi à travers deux «qacidate» (longs poèmes) écrites au XIXe siècle, célébrant la beauté et la passion amoureuse. Khaled El-Mendassi, de son vrai nom Belbey Khaled, est né en 1850 à Oued Sebbah, dans la grande plaine de Mleta. Il apprend le Coran dès sa tendre enfance dans la zaouïa du cheikh Boutlelis dans la ville de Hammam Bou-Hadjar, avant de s'installer à Aïn-Témouchent où il se lie d'amitié avec le poète Hadj Kaddour Tahalaiti. En référence au grand poète du melhoun Saïd El-Mendassi qui a vécu au XVIIe siècle, il fut surnommé El-Mendassi Seghier. Sid Ali Driss a révélé qu'il a connu et effectué des recherches sur ce grand poète à la Bibliothèque nationale d'Alger et sur certains sites internet. Au cours de cette conférence de presse, l'artiste a estimé que la radio l'a quelque peu détourné du studio d'enregistrement. «Je me suis rendu compte qu'il fallait me produire. Mon souci premier est de mettre sur le marché un produit à la portée avant tout des auditeurs, alors autant le faire dans le melhoun», dira-t-il. Les deux poèmes choisis ont été exhumés du diwan «El Kenz El Meknoune Fi El Ch'ir El Malhoune» de Kadi Mohamed, imprimé en 1910. Ces poèmes décrivent les tourments de la passion face à la beauté de la bien-aimée qui devient pour le poète une source d'inspiration, mais aussi de trouble et de chagrin. Interprétée en «bayte ou syah» (façon propre au chaabi la première qacida est un hymne à la beauté féminine. Elle se termine par un khlass «Haramtou Bik Nou'assi». «Le deuxième poème Echemaa», (la chandelle) est la résultante d'une métaphore de la passion dévorante qui consume l'amoureux. L'album produit chez les éditions Dounia en collaboration avec l'établissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger contient également une déclamation de deux poèmes, sur fond musical. «Il s'agit d'un bonus que j'ai voulu offrir aux mélomanes» lance-t-il. Il est à noter, par ailleurs, que Sid Ali Driss animera, un concert jeudi 23 février 2012, au niveau de l'Auditorium de la radio nationale.