Musique - L'interprète du chaâbi, Sid Ali Dris, revient, après une dizaine d'années passées loin des studios d'enregistrement, «mais près du public», avec un nouvel album. Cet album comprend, entre autres, deux titres inédits puisés dans le répertoire du poète du XIXe siècle, Khaled El-Mendassi. Interrogé par l'APS sur cet opus, à savoir s'il s'agit d'un come-back, Sid Ali Dris répondra : «C'est vrai que ça fait une dizaine d'années que je n'ai pas produit d'albums, mais ce nouveau CD n'est pas un come-back, car je suis toujours présent sur la scène culturelle, je participe souvent à des manifestations artistiques et j'anime depuis près de seize années l'émission «El-Kahwa Wel Lattey» sur les ondes de la chaîne III de la Radio algérienne, dédiée au chaâbi, une musique que je pratique sans pour autant en être un spécialiste. Cet album, dont j'ai composé la musique, contient deux textes puisés dans le répertoire du poète du XIXe siècle, Khaled El-Mendassi, et que j'ai découverts parmi quatre-vingts textes du diwan de Kadi Mohamed, intitulé ‘El Kenz El Meknoune Fi El Ch'ir El Malhoune' et imprimé en 1910. Les deux textes ‘Mekmoul Ezzine Ouel Bha' et ‘Echemaa' n'ont jamais été chantés auparavant.» Expliquant comment l'idée lui est venue de chanter des textes inédits, il dira : «Ce qui m'a incité à enregistrer ces deux textes, ce sont surtout les appréciations des connaisseurs lorsque je les ai interprétés pour la première dans une soirée organisée par l'Etablissement Arts et culture d'Alger. L'établissement organisait chaque mercredi une qa'ada chaâbi (récital musical chaâbi) et j'avais remarqué que les artistes qui passaient sur scène présentaient au public presque le même répertoire. Cette redondance m'a poussé à présenter quelque chose de nouveau. L'écho favorable que j'ai reçu des connaisseurs m'a décidé à enregistrer.» Enfin, chanter des textes inédits, serait-ce un moyen de revivifier la musique chaâbie et approcher le jeune public ? «Même s'il est difficile de trouver dans le répertoire chaâbi des textes à la fois inédits et agréables pour les proposer au public, souligne-t-il, je crois que ce genre d'initiative pourrait contribuer à régénérer cette musique. D'ailleurs, le chaâbi peut se régénérer de plusieurs manières, comme par exemple l'interprétation de textes écrits par des poètes contemporains ou, encore, par la chansonnette qui peut servir de relais au chaâbi pour intéresser le jeune public au q'cide (poésies longues). A cet effet, les écoles et associations de musique andalouse, et même le Festival national de musique chaâbie dédié à la découverte de jeunes talents dans toute l'Algérie, jouent un rôle non négligeable. Encore faut-il, pour que ces jeunes talents puissent percer et évoluer, des espaces d'expression qui, hélas, sont presque inexistants chez nous.» - ‘Mekmoul Ezzine Ouel B'ha' (La divine beauté) et ‘Echemaâ' (La chandelle), sont deux poésies inédites jamais interprétées par les chanteurs de chaâbi que Sid Ali Dris a choisies du diwan ‘El Kenz El Meknoune Fi El Ch'ir El Malhoune' de Kadi Mohamed, imprimé en 1910. Les deux poèmes décrivent les tourments de la passion face à la beauté de la bien-aimée qui devient pour le poète une source d'inspiration, mais aussi de trouble et de chagrin. Interprétée en «Byte ou syah» (façon propre au chaâbi d'entrecouper le texte chanté, par l'introduction de préludes et en changeant de mode), la première qacida est un hymne à la beauté feminine. Elle se termine par un khlass ‘Haramtou Bik Nou'assi'. Dans ce nouvel opus, la voix de Sid Ali Dris, dont le timbre est étonnamment proche de la voix de l'un des maîtres du chaâbi, le regretté El-Hadj El-Hachemi Guerouabi, est chargée de trémolos. Sid Ali Dris a su parfaitement traduire les états d'âme si bien décrits dans le poème. ‘Echemaâ', la chandelle qui brûle, se veut, elle, une métaphore de la passion dévorante qui consume l'amoureux. L'album produit aux éditions Dounia en collaboration avec l'établissement Arts et culture de la wilaya d'Alger comporte aussi une déclamation de deux poèmes, sur un fond musical.