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L'Etat face au froid
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 02 - 2012

En janvier 2012, au ministère des Ressources en eau, on faisait part d'une sérieuse inquiétude concernant la reconstitution des réserves hydriques, compromise par la faible quantité de pluies tombées en Algérie durant les mois précédents. L'automne 2011 avait pris des allures d'été, et l'arrivée de l'hiver n'avait rien changé à la situation.
Des précipitations ont bien été enregistrées mais de courte durée. Les prévisionnistes algériens attendaient un mois de février plutôt sec, en tout cas déficitaire par rapport à la moyenne mensuelle. Dans cette ambiance pessimiste, le directeur de la distribution de l'eau potable souhaitait qu'il pleuve « sur des épisodes assez longs pour combler le déficit en ruissellement et réalimenter les nappes souterraines». Son vœu a été vite exaucé. Les ressources en eau sauvées Depuis le jeudi 2 février, il a plu sur la majeure partie du pays durant plus d'une dizaine de jours quasiment sans arrêt. Le taux de remplissage des barrages (70 %) affiché par le ministère dépasse même toutes les espérances. Le grand barrage de Beni Haroun, à l'est du pays, a atteint sa capacité maximum, 1 milliard de mètres cubes, du jamais vu dans un barrage en Algérie. Il est tellement plein qu'il a fallu mettre en place un dispositif de protection face à la menace de débordement. Dans l'Ouest algérien où les cultures ont failli manquer d'eau, le danger semble éloigné, les périmètres agricoles ont été bien arrosés et les barrages se sont remplis. En fait, le climat avait annoncé la couleur (blanche comme la neige) en janvier déjà. Le 17 janvier exactement, dans la matinée, et à Béchar où, événement rarissime selon les connaisseurs, la neige est tombée. La même perturbation a ensuite évolué vers le Sahara central donnant lieu à d'importantes pluies, notamment à El Goléa, Ouargla. La neige a revisité Béchar mardi 7 février après avoir recouvert presque toutes les localités du nord du pays et fait la joie des petits et des grands. Des photos circulent sur la Toile montrant que les Algériens, surtout ceux qui sont peu habitués à la rigueur exceptionnelle de cette vague de froid, se sont bien amusés avec la neige. Sur les Hauts Plateaux, comme à El Bayadh (dans le sud-ouest), par exemple, la neige n'est pas une inconnue, elle est bénéfique à la végétation steppique, notamment l'armoise (à la valeur pastorale appréciable) et l'alfa, deux très anciennes plantes. Mais quand elle est roulée et très glacée, elle colle très rapidement sur le sol en raison de sa température très basse. La neige roulée qui ne contient pas assez d'eau, par rapport aux flocons de neige, peut faire des dégâts aux cultures locales, explique M. Bousmaha, responsable de l'Office de la météo à El Bayadh. C'est pourquoi, elle est très redoutée par les agriculteurs de la région. Pour le froid, dans cette région montagneuse et élevée, les gens y sont préparés, le poêle est allumé dès la mi-octobre pour être éteint à la fin mai. Du jamais vu depuis décembre 1956 Ailleurs dans le pays, au nord et encore moins au sud, l'hiver est généralement peu rigoureux et le froid alterne rapidement avec les remontées de températures amenées par l'apparition du soleil. Depuis le 2 février 2012, dans le nord du pays, le scénario est tout autre. Une vague glaciale exceptionnelle touchant l'Europe (on n'en a pas vu de cette intensité depuis 50 ans, aux dires des spécialistes) s'est étendue à notre pays. Djamel Boucherf, directeur du Centre national de la climatologie, explique pourquoi l'Algérie ne pouvait pas être épargnée par la masse d'air venue du nord : notre pays se trouve dans une zone de transition entre le climat subtropical et le climat modéré. Cette position géographique ajoutée à des phénomènes atmosphériques fait que l'Algérie est très vulnérable aux changements climatiques et à la variabilité. Actuellement, il y a, poursuit Djamel Boucherf, deux barrières atmosphériques formées par l'anticyclone des Açores et l'anticyclone de Sibérie, et il y a un flux d'air froid qui vient du nord avec une instabilité dans la Méditerranée. Résultat pour l'Algérie : des températures très basses, des pluies qui ne cessent pratiquement pas et la neige presque partout. Le dernier souvenir d'une situation analogue remonte à décembre 1956. Un épisode aussi marquant avait été enregistré durant l'hiver 2005 mais avec moins d'intensité en neige, qui est plus abondante, ces jours-ci, atteignant des épaisseurs dépassant les 2 mètres en certains endroits. Par contre, pour la température, en 2005, le thermomètre était descendu jusqu'à 14°C et même 15°C au-dessous de zéro, à El Bayadh et Mecheria, sur les Hauts Plateaux, alors qu'en février 2012 les températures basses ne sont pas allées au-delà de 10 °C au-dessous de zéro. L'ONM à la hauteur Il n'y a, donc, rien de surprenant à ce que l'actualité nationale soit dominée par les informations sur les coupures de routes dues aux intempéries et leur impact sur les déplacements en véhicules et le transport de marchandises. L'approvisionnement des marchés s'en est ressenti et les prix des produits alimentaires, aussi, en hausse parfois vertigineuse, à l'exception des produits subventionnés par l'Etat. Des voyages en bateau à partir de l'Algérie vers Marseille ont subi, eux aussi, les contrecoups des intempéries et ont été reportés. La compagnie aérienne Air Algérie a annulé plusieurs vols à cause du mauvais temps. Les pertes humaines directement liées à la vague de froid ne sont heureusement pas élevées, selon un bilan officiel non encore définitif. L'Office national de la météorologie y est sans doute pour quelque chose : le caractère exceptionnel de la vague de froid a été prévu 48 heures à l'avance - à 100 %, s'enorgueillit Djamel Boucherf - et des BMS (bulletin météorologique spécial) ont été émis. C'est la mission de l'ONM : donner l'alerte pour préserver les vies humaines et les biens des personnes. La Protection civile a mobilisé tout son effectif (40 000 personnes) et installé des cellules de crise pour parer à toute éventualité. Les accidents de la circulation et les cas d'asphyxie due aux inhalations de gaz brûlés des appareils de chauffage et chauffe-eau, survenus dans ce contexte climatique, ont alourdi le bilan malgré les conseils de prudence donnés par les services concernés. Mais il faut noter que le facteur météorologique n'est pas la principale cause des accidents de la route -- plus de 4 000 morts en 2011 -, ni des accidents dus au gaz utilisé également pour cuisiner, en moyenne plus de 100 morts par an. Le secteur public à l'épreuve L'armée, en conformité avec sa double vocation, populaire et au service de la population, a mis ses troupes et ses engins à contribution pour dégager l'accès des voies bloquées par la neige. Elle a acheminé les vivres vers les zones enclavées par la neige. Sonelgaz, entreprise publique, a mobilisé toutes ses équipes d'intervention pour rétablir le courant électrique là où l'état des routes le permettait. Dimanche 12 février, à 20h, un pic de consommation d'électricité à 8 526 MW a établi un nouveau record en période hivernale en hausse de 9,8% par rapport à la pointe de la même période de l'année passée (7 764 MW) et dépassant le pic du mardi 8 février (8 305 MW), mais inférieur à la pointe record enregistrée l'été 2011 (8 746 MW, le dimanche 7 août 2011 à 21h15, consommés en grande partie par le climatiseur). Sonelgaz explique cette forte consommation par la chute des températures et le rétablissement des 950 000 foyers privés d'électricité au plus fort des intempéries. Aucun chiffre n'a été donné sur la consommation de gaz qui est utilisé pour le chauffage et qui a connu une demande considérablement accrue entraînant une forte tension sur la bouteille de gaz butane, le taux national de pénétration du gaz de ville étant de 47%. L'entreprise publique Naftal s'était préparée, comme chaque année, à la saison froide, mais la très forte intensité de cet hiver a tout consommé, entraînant une demande supplémentaire imprévue. Naftal a mobilisé tous ses moyens au-delà de leurs capacités pour augmenter sa production de bouteilles de gaz, les transporter et les mettre à la disposition des populations des zones fortement affectées par le froid, particulièrement en montagnes. La spéculation commerciale sur la bouteille de gaz l'a rendue plus chère mais ce phénomène a été circonscrit grâce à la collaboration entre Naftal et les responsables des communes concernées qui se sont impliqués dans sa distribution. Quant à la coupe de bois destiné au chauffage, aucune information n'est disponible pour en connaître l'ampleur durant cette vague de froid. Un test concluant Que pensent les Algériens de la façon dont l'Etat a fait face à cette vague de froid? Selon la télévision algérienne qui donne une grande place aux intempéries, il y a ceux, satisfaits, qui remercient l'Etat, pour son intervention, et ceux, mécontents, qui le critiquent pour ses lenteurs. Un fait incontestable : le devoir de solidarité à l'égard des sinistrés a été assumé par l'Etat empêchant l'utilisation de leur détresse à des fins d'embrigadement politique comme cela s'est passé après le séisme de Tipasa en 1989. La leçon à tirer de cet épisode sibérien vécu en Algérie a trait, justement, à l'action de l'Etat et du secteur public, notamment les entreprises. L'Etat n'est plus désarmé face aux situations de catastrophes contrairement à mai 2003, lors du séisme de Boumerdès. Opérée sur les «conseils» du FMI et de la Banque mondiale et sous l'effet du vent (c'est véritablement du vent) du libéralisme qui a soufflé dans les années 1980 et 1990, la déstructuration du secteur public (bâtiment, travaux publics, industrie, santé,..) avait privé alors les secours des moyens lourds habituellement rapidement réquisitionnés dans les situations de catastrophes. La vague de froid de février 2012 a agi comme test des capacités de l'Etat, qui avaient été mises à mal durant les décennies 1980 et 1990, et reconstruites dans les années 2000 puis consolidées à partir de 2009, et elle a, en même temps, donné l'opportunité de renforcer ces capacités. On peut penser que, sur ces deux « fronts », les résultats sont positifs.

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