La présidence du Conseil de sécurité de l'ONU a salué mardi les pays du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest pour «les initiatives importantes» qu'ils ont adoptées afin de lutter contre le crime organisé dans leur région. Intervenant à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à «l'impact de la criminalité transnationale organisée sur la paix, la sécurité et la stabilité en Afrique de l'Ouest et dans la région du Sahel», la présidence de cet organe de décision de l'ONU a attiré l'attention sur le fait que les «menaces internationales grandissantes, en particulier en Afrique de l'Ouest et dans la région du Sahel, contribuent à affaiblir la gouvernance, le développement social et économique et la stabilité, tout en menaçant de réduire à néant les avancées accomplies dans la région en matière de consolidation de la paix.» Dans ce sens, le Conseil de sécurité a rendu hommage «aux Etats et aux dirigeants de l'Afrique de l'Ouest et de la région du Sahel pour les initiatives et les mesures importantes qu'ils ont adoptées, à l'échelle nationale et régionale, en vue de contrer la menace que représente le crime organisé dans leur région». Le Conseil de sécurité, qui a été saisi d'un rapport de la mission d'évaluation des incidences de la crise libyenne sur la région du Sahel et d'un document de réflexion, a invité le secrétaire général de l'ONU à prendre en compte ces menaces dans les stratégies de prévention des conflits, l'analyse des conflits, l'évaluation et la planification intégrées des missions, et l'appui à la consolidation de la paix. Sur ce point, le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, a indiqué que les gouvernements de la région ouest-africaine et sahélienne ont besoin du soutien des organisations régionales et, plus largement, de la communauté internationale en vue de consolider et d'appuyer les capacités requises dans les domaines du partage des informations, de la prévention, des enquêtes, de l'application de la loi et de la surveillance des frontières. Ceci, a-t-il ajouté, «devrait être développé parallèlement avec la création de modes de subsistance permettant de faire face aux défis de la pauvreté, de l'insécurité humaine et du sous-développement». Durant un riche débat sur ce thème, l'ambassadeur de l'Algérie à l'ONU, Mourad Benmehidi, a déclaré que la région du Sahel et celle de l'Afrique de l'Ouest présentent toutes les conditions de «sanctification et de développement d'un foyer régional de radicalisation et de violence terroriste». Cela s'opère en jonction avec les nombreux réseaux de criminalité organisée pratiquant les trafics illégaux de drogue, d'armes et d'êtres humains, a-t-il déploré. L'Algérie, a-t-il ajouté, «prône une approche orientée vers une action ciblée et efficiente basée sur l'appropriation par les pays du Champ (Algérie, Mali, Niger et Mauritanie) de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, en assumant la responsabilité de la sécurité et de la stabilité dans leur espace territorial, conformément à leurs obligations internationales». M. Benmehidi a énuméré les actions initiées par les pays de la région pour combattre ce fléau, notamment la mise en place de mécanismes spécifiques par la création en 2010, à Tamanrasset, du comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc) entre les forces armées de l'Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger, la mise en place de l'Unité de fusion et de liaison (UFL) pour le partage et le traitement du renseignement, et les créneaux de coopération classique entre les services de police, les Douanes et les garde-frontières. Il a aussi mentionné le consensus et l'engagement des pays du Champ pour combattre les fléaux qui touchent la région selon une approche intégrée poursuivant les objectifs de sécurité et de développement, lors de la conférence d'Alger de septembre 2011. L'Algérie, a-t-il affirmé, «n'a de cesse de développer des efforts pour combattre le financement du terrorisme et pour sensibiliser contre le procédé criminel des groupes terroristes consistant en la prise d'otages et leur libération en contrepartie de versements de rançons». Cette pratique, a-t-il poursuivi, «reste un défi préoccupant à relever, tant elle sert le financement et le recrutement en faveur du terrorisme, notamment en conjonction avec la criminalité organisée et les trafics illégaux en tous genres». Pour sa part, le représentant spécial du président de la commission pour la coopération contre le terrorisme de l'Union africaine, M. Francisco Caetano José Madeira, a rappelé qu'en janvier dernier, à l'initiative de l'Union africaine, les ministres et hauts fonctionnaires des pays de la région du Sahel s'étaient réunis à Addis-Abeba pour discuter des défis communs qui se posent en matière de sécurité, sur la base des recommandations de la mission conjointe ONU-Union africaine sur l'impact de la crise libyenne sur la région du Sahel. L'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, a affirmé, quant à elle, que «les criminels qui opèrent les kidnappings contre rançons ont considérablement soutenu les réseaux terroristes dans le Sahel», ajoutant que l'organisation terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) «a démontré sa capacité à mener des activités criminelles et des attaques contre des cibles sur des distances importantes». Quant à l'envoyé spécial du président de la Russie sur la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, Alexandre Zmeevsky, il a observé que la question de la sécurité et des menaces terroristes et criminelles a occupé le devant de la scène en 2011 sur fond des événements survenus en Libye.