Le chef d'un parti politique, qui ne réapparaît sur la scène politique que lors des rendez-vous électoraux, s'est fendu d'un encart publicitaire sous la forme d'un appel à candidature et recrute des courtiers et toute personne intéressée à faire acte de candidature sous la bannière de sa formation politique. Une pratique pour le moins insolite qui dénote du degré d'archaïsme qui caractérise l'organisation et le fonctionnement de nombre de partis politiques. Quel sens donner à cette façon de faire toute singulière de certains partis, lesquels, pour n'avoir aucune base militante, semblent éprouver toutes les peines du monde à trouver des candidats pour les représenter aux prochaines élections législative. Cette sortie de certains présidents (es) de parti politique ne fait qu'exprimer tout haut ce que bien des responsables d'autres partis pensent tout bas. Elle traduit en tout cas une réalité amère et inquiétante de l'exercice du multipartisme en Algérie, gage de la santé démocratique d'un pays. Que peut-on attendre d'un parti politique qui en vient à faire du racolage, de la vente à la criée et au rabais de candidature, faute de militants et de cadres aptes à affronter les suffrages populaires? Les offres de candidatures se monnaient sans état d'âme. Le phénomène n'est pas nouveau. L'établissement des listes de candidature ressemble à un marché de négoce entre clans influents. Des noms sont écartés, d'autres sont retenus sur la base, souvent, de critères clientélistes qui n'ont rien à voir avec la compétence, la militance, l'aura personnelle du candidat et ses chances d'être élu. L'argent sera, sans doute, le maître mot inavoué du jeu électoral. Devant l'absence de mécanismes de contrôle du financement des campagnes, le business des listes électorales fera, sans aucun doute, de gros ravages. L'argent risque de couler à flots. Deux campagnes électorales sont attendues. Les législatives et les locales constituent un double enjeu qui offre «un marché juteux» aux opportunistes de tout poil. Le business des listes électorales fera des ravages sans précédent. L'achat des voix n'est un secret pour personne. Bien au contraire, cette pratique est devenue ces dernières années, monnaie courante au sein de la classe politique. Les critères de sélection des candidats n'obéissent plus aux principes de l'idéologie et du militantisme. «La race qui croit en les idées idéologiques est en voie de disparition». Un constat partagé par la plupart des citoyens interrogés. Nul ne peut nier que c'est la «chekara» qui impose son diktat. La jonction entre l'argent et la politique se confirme au fil des échéances. Certes, il n'en demeure pas moins qu'une grande partie passe sous la table. Le financement des campagnes par des particuliers constitue une grande zone d'ombre. Les formes de contribution se multiplient. Les hommes d'affaires multiplient les cadeaux à l'adresse des partis. Waâda, réservation de salles de meeting, hébergement, transport, affiches électorales, sans parler de l'argent liquide sont des services assurés par les affairistes. Des financements estimés à des millions, pour ne pas dire des milliards de dinars. Devant l'absence de mécanismes de contrôle du financement des campagnes, les lobbies s'en donnent à cœur joie. Rien n'est gratuit. En contrepartie, ils obtiennent des marchés juteux estimés à des milliards de dollars. Des leaders politiques ont même reconnu l'influence de l'argent sur la politique. «Aujourd'hui, on sait tout ce qui se passe sur le terrain. Des partis vendent leurs formulaires à des candidats pour qu'ils n'aillent pas collecter les signatures», a-t-il indiqué, déplorant le fait que «ces formulaires se vendent à des dizaines de millions de centimes». Cette fois-ci, ça sera encore pire. La course s'annonce féroce. Les affairistes ne lésineront pas sur les moyens pour décrocher un siège au sein de l'APN. L'enjeu vaut bien la chandelle sachant que les prochaines élections sont capitales. Contrairement à 2007, la conjoncture a beaucoup changé. De nouveaux éléments ont été introduits. Le premier est constitué par les avantages qu'offre le statut de député. Avec un salaire de 30 millions par mois et des avantages aux frais de la princesse, les convoitises se multiplient. La bataille pour la députation donne d'ores et déjà un avant-goût du scénario électoral. Les tractations sont entamées bien avant le rendez-vous. Ces pratiques ne sont pas propres à l'Algérie.