Le secteur de la pêche et des ressources halieutiques pourrait connaître d'importantes perturbations dans un proche avenir. La révélation et de nombreux armateurs et patrons pêcheurs de Annaba ayant pignon sur rue dans les hautes sphères de l'Etat. citent pour l'exemple le dossier du projet d'accord entre notre gouvernement et son homologue mauritanien. Matérialisé, ce projet devait, selon eux, permettre aux Algériens d'exploiter les côtes mauritaniennes pour la pêche. C'est dans ce cadre que s'étaient multipliés les contacts des deux côtés des frontières avec des échanges de points de vue et de propositions entre les responsables des ministères des deux pays. Puis, plus rien. La partie algérienne s'est brusquement tue. Les cadres du ministère algérien de la Pêche et des Ressources halieutiques adoptèrent la politique des «tiroirs de bureau fermés à clés». Contrairement à leurs homologues mauritanienss qui, eux, ne cessaient de relancer le dossier sur lequel avait planché durant plusieurs jours le président de la Chambre algérienne de la pêche. «Effectivement, j'ai passé des nuits blanches à travailler sur le dossier en question. Particulièrement sur les lois, ordonnances et décrets émis par le gouvernement mauritanien pour la protection de ses richesses maritimes», dira un cadre algérien.» «En ma qualité de président de la Chambre algérienne de la pêche, j'ai également été sollicité par nos amis mauritaniens inquiets de ne rien voir venir du côté de l'Algérie. Je ne peux pas en dire plus», a affirmé M. Larbi Yahyouche. Se refusant à aller plus loin dans les révélations, il a estimé que l'Etat algérien est en train de faire le contraire de ce qu'il affirme publiquement vouloir réaliser en terme de développement de la pêche et des ressources halieutiques. De ces révélations, nous retiendrons les multiples blocages que rencontrent les pêcheurs dans les ports destinés à cette activité telle l'obligation de présenter une autorisation spéciale du ministère de la Défense nationale pour prétendre utiliser un sonar détecteur de bans de poissons. «Alors qu'à travers le monde, ce moyen est en vente libre tout autant que son utilisation, chez nous il faut passer par mille et une porte pour prétendre bénéficier de cette fameuse autorisation. C'est également le cas pour le bout de papier que les pêcheurs paient annuellement 17 000 DA à l'Agence nationale de la radio maritime pour prétendre utiliser un VHF. Il y a beaucoup d'autres obstacles auxquels les armateurs et les patrons de pêche sont confrontés depuis des années. Bien que maintes fois posés, ces problèmes n'ont toujours pas été solutionnés depuis des années» a affirmé un des patrons pêcheurs de Annaba. Il participait à l'Assemblée générale de la Chambre de wilaya de la pêche qui a vu la réélection de Larbi Yahyouche qui se trouve être également le président de la Chambre nationale. Les dénonciations ne sont pas arrêtées à ce niveau. L'on est revenu à l'affaire du trafic du thon appelée à être jugée en 3e instance après l'acceptation de l'appel interjeté par l'ancien secrétaire général du ministère de la Pêche, le directeur central de la pêche maritime, 3 marins, un commandant de navire de pêche et un armateur tous de nationalité turque ainsi qu'un armateur algérien. Ils avaient été condamnés à de différentes et sévères peines de prison ferme, quant à l'armateur il a fait l'objet de saisie de ces trois thoniers. Pour les pêcheurs, le rappel de cette affaire était nécessaire pour souligner le flou qui caractérise le monde algérien de la pêche. Un flou aggravé par les hésitations et les reculades dans le dossier dit «pêche dans les eaux maritimes mauritaniennes», le dossier des importantes sommes engagées dans le cadre des différents dispositifs d'aide lancés par l'Etat, et les retards apportés dans l'étude de nouveaux ports de pêche dans différentes wilayas du pays, à l'image du projet portant réalisation du port de pêche et de plaisance à Annaba. Datant du début des années 2000, ce dossier avait été réactualisé avec l'arrivée de Smaïn Mimoun à la tête du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. A chacune de ses deux visites dans cette wilaya, en présence des autorités locales, des armateurs, pêcheurs et des plaisanciers, le ministre avait publiquement affirmé que le port en question sera réalisé dans un avenir très proche. «Il servira aux pêcheurs et aux plaisanciers», avait tenu à préciser ce représentant du gouvernement. Depuis, ce dossier semble avoir disparu définitivement. Le projet du port de Annaba s'est transformé en une anecdote parmi tant d'autres qui font la richesse de ce département qui sombre corps et âme. A Annaba, les pêcheurs sont arrivés jusqu'à vouloir prendre en charge financièrement la construction d'un mur pour séparer le port de pêche de celui commercial et la réalisation de cases pour pêcheurs. Comme pour le nouveau port transformé en un rêve, ils attendent toujours une réponse.