Comme si les injustices et les atrocités commises contre un peuple sans défense durant 132 ans n'avaient pas suffi aux adeptes de «l'Algérie française». 50 années après l'indépendance d'une l'Algérie bel et bien algérienne, les profanateurs de l'histoire ont tenté, à travers le documentaire «La guerre d'Algérie, la déchirure», diffusé dimanche dernier sur France 2, d'assassiner la mémoire d'un peuple arrosée par le sang d'un million et demi de martyrs. Pour la première fois, des images vivantes sorties tout droit de la boîte secrète de l'armée coloniale française ont été utilisées et diffusées sur une télévision publique à travers un documentaire à sens unique ayant pour seule finalité : falsifier l'histoire et défendre l'indéfendable. De quelle «déchirure» ce pseudo-reporter et cet historien sont-ils en train de parler ? Peut-être «la déchirure» de ces dizaines de milliers de femmes violées, de ces millions d'hommes torturés et tués, de ces familles spoliées et chassées de leurs terres ou de ces millions d'enfants privés d'amour parental. Pour quelles raisons les concepteurs du dimanche de ce documentaire ont-ils omis de diffuser les vidéos des massacres du 8 mai 1945 ? Pour quelles raisons n'ont-ils pas retransmis les images des massacres du 11 décembre 1960 ? Scandaleux ! Comment une profession aussi noble que celle d'historien peut-elle être utilisée pour profaner l'histoire ? Le débat qui a suivi ce documentaire sur le plateau de cette chaîne de télévision française publique n'était que la cerise sur le gâteau. Les invités de David Pujadas constitués principalement d'historiens pieds-noirs et d'une fille de harki se sont constitués un camp de victimes en traitant à demi-mot les révolutionnaires algériens de bourreaux. Celle qui a le plus intrigué sur ce plateau est Danielle Michel Chich, victime de l'attentat du Milk-bar exécuté par Zohra Drif. Bien que nous compatissions à sa tragique destinée, comment s'est-elle permise de remettre en cause le combat de tout un peuple. En prenant comme exemple un extrait de la pièce de théâtre Les justes d'Albert Camus, cette femme est allée jusqu'à se demander «si pour une cause aussi juste soit-elle on peut tuer des innocents et avancer une main meurtrière ?». Qu'il nous soit permis de vous poser une question à notre tour : si vous considérez Zohra Drif comme un bourreau, que pensez-vous alors de Maurice Papon, Aussaresse, Lacoste et tant d'autres criminels ? Vous vous êtes trompée d'auteur. Vous aurez dû prendre la phrase de Jean-Paul Sartre au sujet de la guerre d'Algérie : «Personne n'ignore aujourd'hui que nous avons ruiné, affamé, massacré un peuple de pauvres pour qu'il tombe à genoux, mais malgré cela il est resté debout.» Ce qui a étonné plus d'un, c'est le discours tenu par Ali Haroun, ex-chef de la Fédération de France du FLN, qui n'a à aucun moment sur ce plateau de télévision dit au commun des mortels ce que la France coloniale a commis contre un peuple désarmé et de quel type d'armes elle a usé pour combattre le cri de la liberté. La fille d'un harki qui a écrit un jour selon l'animateur de l'émission «mon père je l'ai aimé petite et détesté adolescente» s'est montrée plus courageuse, en défendant les harkis contre vents et marées. En modeste représentant d'une nouvelle génération d'Algériens gardienne d'une mémoire chèrement payée, nous vous disons : «Madame la France, laissez nos martyrs reposer en paix. Personne n'ignore qui est le bourreau et qui est la victime.»