Les forces sociales conservatrices et réformistes souvent antagoniques tenant compte du poids de l'histoire sont le moteur de la dynamique ou de la léthargie de toute société. Car comment ne pas se remémorer les promesses des dirigeants politiques algériens qui ont présidé aux destinées du pays au nom de la légitimité historique encore quand certains évoquaient récemment, pour ceux qui voulaient bien les entendre, la fin de l'Etat de la mamelle, puis celle de la légitimité révolutionnaire. Pourquoi la léthargie de la Bourse d'Alger ? Pour les raisons analysées précédemment, contraintes externes mais également internes car, en l'état actuel de leurs comptes, très peu d'entreprises seraient, selon les standards internationaux, éligibles à une introduction en Bourse ne sachant pas exactement l'évaluation de leurs actifs, selon les normes du marché. Pour preuve, deux grandes entreprises publiques, Sonatrach et Sonelgaz, et une grande entreprise privée, Cevital, ne sont pas cotées en Bourse. Les comptes des entreprises publiques algériennes, de la plus importante à la plus simple, sont dans un état qui ne passerait pas la diligence des audits les plus élémentaires. Sonatrach a besoin d'un nouveau management stratégique avec des comptes clairs afin de déterminer les coûts par sections. L'opacité de la gestion de Sonatrach, qui se limite à livrer des comptes globaux consolidés, voile l'essentiel. Car il s'agit de distinguer si le surplus engrangé par Sonatrach est dû essentiellement à des facteurs exogènes, donc à l'évolution du prix au niveau international ou à une bonne gestion interne. En 2011, même les cadres de Sonatrach ne peuvent pas vous répondre. D'une manière générale, l'opacité et la faiblesse du management stratégique, liées à la gouvernance globale, ne militent donc pas pour l'instant pour une dynamisation de la Bourse d'Alger. Aussi, nous pensons qu'il ne faille pas chercher cette défaillance dans l'appareil technique et réglementaire (COSOB SGVB ALGERIE CLEARING) qui, pour son efficacité, doit s'inscrire dans le cadre d'une vision stratégique claire du développement. L'important est le nombre d'acteurs fiables au niveau de ce marché pour l'instant limité. Imaginez-vous un très beau stade de football pouvant accueillir plus de 200.000 spectateurs sans équipe pour disputer la partie ? Les autorités algériennes se sont donc contentés de construire le stade mais sans joueurs. Le nombre de sociétés cotées à la Bourse d'Alger et les volumes de transactions observés sont réellement insuffisants qu'ils ne justifient même pas l'existence des six IOB détenus par les seules banques publiques. Cette activité est considérée comme marginale. Si bien qu'il arrive que la personne en charge de cette activité dans la banque publique ne soit même pas remplacée pendant les vacances. Les opérateurs privés susceptibles de se lancer dans cette activité ne pourront le faire que lorsque le nombre de sociétés et le volume traité seront suffisants pour seulement couvrir leurs frais. Cette activité est déficitaire dans les services des banques publiques là où elle est exercée. Certes Alliance Assurances a apporté un supplément de capitalisation boursière de plus de 2 milliards de dinars. Mais il faudrait des milliers d'Alliance Assurances pour avoir une cotation significative, car l'ensemble des titres de capital de la Bourse d'Alger n'est que de 50 millions d'euros alors que celle de Casablanca dépasse les 50 milliards d'euros. Faisons une comparaison avec la Bourse de la Tunisie qui compte, entre autres 10 fois plus d'entreprises cotées et plus d'intermédiaires à la Bourse d'Alger. La raison est que la Tunisiene compte pas sur les ressources en hydrocarbures comme l'Algérie. Elle a vite compris la nécessité d'un marché financier fiable et autonome pour financer les entreprises. La cote d'un financement intermédiaire a permis un apport en fonds propres aux entreprises, notamment privées. La Tunisie a donc initié un cercle vertueux de financement de l'économie en renfonçant leurs fonds propres et, par conséquent, les sociétés tunisiennes productives ont pu accéder facilement aux crédits bancaires. Quelles solutions pour l'Algérie ? Outre la levée des contraintes d'environnement (la bureaucratie, un système bancaire rénové, le foncier, l'adaptation du systèmes socio-éducatif), n'existant pas d'engineering financier et pouvant faire appel aux compétences algériennes à l'étranger et elles sont nombreuses, la valorisation de la ressource humaine richesse bien plus importante que toutes les ressources en hydrocarbures, nous proposons une privatisation partielle de quelques champions nationaux pour amorcer le mouvement et la création de fonds de private P/P pour sélectionner quelques entreprises privées en vue de leur introduction ultérieure en bourse. On pourrait mette en bourse : 10 % de Sonatrach, 10 à 15 % de la BEA, 10 % de Sonelgaz, 15 % de Cosider et 15 % de CPA. Cela permettrait de constituer un indice boursier consistant en volume et en qualité amorçant le cercle vertueux et attirer des opérateurs privés. Ces fonds agiraient comme incubateurs de sociétés éligibles à la Bourse. Dans ce cadre, une aide au développement des acteurs privés du secteur de l'investissement (conseillers IOB, gestionnaires d'actifs) est nécessaire. Certes, la Bourse d'Alger doit renouveler son système d'information, qui est toujours manuel et lent, notamment si elle prévoit l'investissement de plus d'entreprises cotées. Mais ce n'est pas aujourd'hui que ces questions d'ordre techniques freinent le développement du marché. Comme ce n'est pas la réglementation relative à l'exercice du droit de préemption de l'Etat qui fait peur aux investisseurs tant nationaux qu'étrangers et donc qui freinent leur entrée en Bourse. Ce n'est pas le droit de préemption qui fait peu aux investisseurs et, comme expliqué précédemment, il faut de la visibilité dans le monde des affaires. Ceux sont les modalités d'exercice renvoyant à un Etat de droit qui respecte tant son droit que le droit international. Pour un vendeur volontaire et déterminé à céder son entreprise ou ses actions dans une entreprise, peu lui importe de se retrouver face au gouvernement algérien comme contrepartie. (Suite et fin)