Le scrutin du 6 mai a permis à François Hollande de remporter avec une large majorité l'élection présidentielle, avec une estimation de près de 52%, en attendant le décompte final de l'électorat des Français vivant à l'étranger. En Algérie, ce scrutin a été massivement suivi par les téléspectateurs, qui n'ont pas caché leur joie à l'issue du verdict, redoutant toutefois qu'à leur endroit, les socialistes ne fassent la même erreur que François Mitterrand, à la suite du processus de l'annulation des élections de décembre 1991. François Hollande élu a dès la soirée du 6 mai littéralement bouleversé l'échiquier politique tant en Europe que dans le reste du monde. Tous les dirigeants des droites européennes ont, se souvient-on, refusé de rencontrer le candidat du parti socialiste, cautionnant de facto un Sarkozy devenu de plus en plus impopulaire avec son entêtement à vouloir coûte que coûte maintenir une politique d'austérité budgétaire perçue à brève et moyenne échéance comme une menace, voire une punition des couches populaires, qui se sont vues dans l'incapacité d'appliquer les dernières décisions prises par le couple Merkel-Sarko et qu'impose le pacte de stabilité financière de Bruxelles. Certains partis de l'opposition dans pas mal de pays européens avaient même soulevé l'éventualité de quitter l'eurozone. En France, Marine le Pen en avait fait son thème de campagne principal. Les Grecs durement affectés par la crise n'ont pas caché la rupture avec l'eurozone. Italiens et Espagnols ont attendu pour voir afin de remettre en question un pacte d'austérité devenu insupportable pour les peuples endurant le même calvaire dont ils ne s'estiment pas responsables. Le désaveu des droites au pouvoir est si fort que plus personne ne doute avec l'élection de François Hollande que les évènements vont apporter du changement. L'élection de François Hollande quoique prévue par les sondages depuis de longs mois est loin d'avoir été une promenade de santé pour le parti socialiste qui a dû souquer ferme pour empêcher le ralliement des indécis et de l'électorat de l'extrême-gauche aux thèses de la droite, qui, pour rappel n'a jamais été classée au premier tour en seconde position avec un tel écart. En dépit des mensonges et des fuites en avant de Sarkosy, le verdict du 6 mai 2012 donnant vainqueur François Hollande fut accueilli avec soulagement par la majorité des Français, ainsi que par les différentes communautés vivant sur le sol français, et même au-delà. Cette victoire des socialistes, du front de gauche de Mélenchon, des écolos, des syndicats, et d'une partie de l'électorat de Bayrou ne sera effective que si l'électorat de la gauche et leurs alliés se mobilisent pour gagner les législatives programmées pour le mois de juin prochain. Hollande avec un Parlement acquis aux socialistes, une chambre haute dominée par la même mouvance gouvernera alors pour mettre son programme sur orbite sans contrainte majeure au plan intérieur. Un modèle économique basé sur plus de justice Sans une majorité absolue au Parlement, il serait en effet illusoire de croire que le nouveau président de la France pourra mener à bien ses réformes pour sortir le pays de son marasme économique et de la crise de la dette souveraine. Cette élection porte en elle l'espoir non seulement des Français mais également de tous les peuples européens qui se heurtaient aux intransigeances de la chancelière allemande A. Merkel et auparavant de Sarkozy, leur refusant obstinément contre vents et marais toute réforme permettant de ne pas sacrifier la croissance et l'emploi au profit des banques et des marchés financiers. L'élection de François Hollande va certainement bousculer la politique économique de l'Europe, et bon nombre de pays pourraient basculer vers le programme des socialistes pour réclamer l'élaboration d'une politique de croissance, seule à même d'apporter des solutions à l'attente des citoyens européens. Les premières réactions officielles ne se sont pas fait attendre puisque la chancelière allemande, qui a envoyé ses félicitations dès dimanche 6 mai à François Hollande, a dans le message affirmé qu'elle était persuadée, ainsi que d'autres dirigeants européens, qu'ils pourraient «coopérer étroitement» avec François Hollande qui est attendu ce dimanche 13 mai à Berlin. François Hollande après son élection se voit invité dans le grand club du G8 avec les honneurs par Barack Obama qui l'a appelé pour le féliciter et l'inviter à la Maison-Blanche avant les grands rendez-vous à venir ce mois-ci, pour discuter avec lui avant la tenue du sommet du G8 des 18 et 19 mai dans la résidence de Camp David, près de Washington, que suivra le sommet de l'Otan qui aura lieu les 20 et 21 mai à Chicago. Selon ce que rapportent les dépêches des agences de presse internationales, Hollande a reçu un communiqué de la Maison-Blanche de Barack Obama lui indiquant «qu'il l'attendait avec impatience pour travailler étroitement» avec lui sur «une série de défis communs en matière économique ou liés à la sécurité», se référant notamment à la promesse faite par le candidat socialiste de rapatrier les soldats français déployés en Afghanistan dès la fin de cette année. La priorité est de relancer l'économie La priorité pour François Hollande reste «sa volonté d'infléchir l'actuelle politique économique européenne en ajoutant au pacte budgétaire une composante de soutien à la croissance pour l'Europe qui aboutira à plus de croissance par le biais de plus de compétitivité selon les dernières déclarations du chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle, s'exprimant à l'ambassade de France à Berlin le soir même du dimanche 6 mai. Cette investiture va fondamentalement faire changer les approches pour faire sortir l'Europe de la crise qu'elle traverse. Les hommes politiques déclarent comme par miracle qu'il y a d'autres solutions, à l'instar de José Manuel Barosso, qui pense : «Nous avons clairement un objectif commun afin de : relancer l'économie européenne pour générer une croissance durable, reposant sur des bases saines et source de nouveaux emplois», a commenté à Bruxelles le président de la Commission européenne, ajoutant à ce propos. «Nous partageons la conviction qu'il faut investir dans la croissance et les grands réseaux d'infrastructure, en mobilisant plus fortement la Banque européenne d'investissement et les fonds disponibles dans le budget européen, tout en maintenant le cap de la consolidation budgétaire et de réduction de la dette», a-t-il précisé. En Italie, le président du Conseil, Mario Monti, apporte lui aussi son soutien à un pacte de croissance, ce dernier va probablement rallier François Hollande pour faire pression sur A. Merkel. En Grèce, où se sont déroulées les élections législatives, il a été remarqué d'emblée que les partis représentant le vieux système politique n'ont pas pu avoir la majorité, et qu'ils n'ont pas pu parvenir à former une coalition pour gouverner. Une dépêche de Reuters indique qu'après l'échec de la droite conservatrice grecque, la Coalition de la gauche radicale (Syriza) va à son tour tenter ce mardi de former un gouvernement de coalition dont le programme, résolument hostile aux plans européens de sauvetage, ne ferait qu'accentuer l'incertitude sur l'avenir du pays. Alexis Tsipras, dont la formation a été propulsée contre toute attente dimanche au rang de deuxième force politique du pays, a été reçu à 11h00 lundi et mardi par le président Karolos Papoulias, qui lui confiera le mandat de constituer une majorité dans un Parlement marqué par un émiettement sans précédent des forces politiques qui a eu raison des efforts menés par Antonis Samaras. Visiblement extrêmement contrariée, la Commission européenne a lancé un avertissement à Athènes, affirmant qu'elle devait mettre en œuvre les réformes auxquelles elle s'était engagées, dans le gouvernement et la Chambre basse dans le cadre de son deuxième plan de renflouement des caisses de l'Etat. Dans ce pays qui traverse des épreuves dramatiques, cette élection sera peut-être pour les vainqueurs l'occasion de quitter la zone euro. Apparemment, les indignés européens iront apporter à François Hollande plus de légitimité pour faire reculer la Commission européenne, Angela Merkel, et surtout l'avidité des banquiers, et d'un système qui a précipité la faillite économique de l'Europe. L'arrivée au pouvoir de François Hollande sur l'échiquier politique bouleverse déjà les rapports de force en présence. Le nouveau président, si les conditions sont réunies s'attèlera à réaménager en profondeur un système économique à l'échelle européenne, pour que l'austérité selon ses propres déclarations «ne soit plus une fatalité». Même si les intérêts des uns et des autres paraissent divergents, il n'est toutefois pas exclu qu'un consensus soit dégagé assez rapidement pour sauver de l'explosion l'eurozone. Il s'agira suivant le plan d'action de F. Hollande de mobiliser rapidement les fonds structurels européens, de renforcer les prérogatives, ainsi que les moyens de la Banque européenne d'investissement ; et enfin, de faciliter les possibilités à l'accès au crédit et aux emprunts obligataires à l'échelle européenne pour épauler le financement privé des grands projets, en attendant dans une seconde étape de convaincre les Allemands et les Britanniques sur la nécessité d'instaurer au niveau européen une taxe sur les transactions financières.