Depuis lundi, la machine judiciaire est véritablement mise en branle au tribunal correctionnel d'El-Hadjar. Elle est la conséquence des événements passés et récents, survenus dans la société ArcelorMittal El-Hadjar. Mise en branle, c'est le cas de le dire au lendemain des auditions par la Gendarmerie nationale de Aïssa Menadi et de 12 autres personnes qui l'avaient accompagné dans l'occupation du complexe sidérurgique ArcelorMittal El-Hadjar. Nos sources précisent que Menadi a été invité à ne plus «bouger» en attendant que le procureur de la République près le tribunal El-Hadjar statue sur son cas sur la base des procès-verbaux d'audition qui lui ont été remis par les enquêteurs. Cette «invitation» intervient à quelques heures de l'arrivée aujourd'hui mercredi d'une délégation de représentants du groupe luxembourgeois ArcelorMittal leader mondial de l'acier. Conduite par Wurth Michel, président directeur général adjoint du groupe et Vincent Le Gouic, directeur général de la division ArcelorMittal Maghreb, cette délégation a pour mission d'étudier le bilan des activités du 1er trimestre 2012 de ArcelorMittal El-Hadjar. Comme elle devra procéder au lancement du plan d'investissement de 500 millions d'euros financièrement soutenu par le gouvernement algérien. La délégation ArcelorMittal se rendra le lendemain jeudi à Alger. Elle y est attendue par plusieurs hauts responsables algériens dont le ministre de l'Industrie et les cadres dirigeants algériens de Sider ainsi que ceux de la société de gestion des participations, Sidmet. Ce mardi, Tayeb Hmarnia le SG de l'union de wilaya UGTA de Annaba, Kouadria qui, avant son élection à la députation était le SG du syndicat, Daïffallah, l'intérimaire du SG du même syndicat ainsi que Abdelmadjid Bouraï, président du comité de participation ont été reçus en audience par Mohamed Ghazi, wali de Annaba. Lors de cette réunion, il a été convenu de mettre en application les dispositions nécessaires pour éviter toute perturbation dans et à l'extérieur de l'enceinte du complexe sidérurgique. Pour le premier responsable de la wilaya, il s'agissait d'une manière comme d'une autre d'anticiper sur l'action de protestation que les syndicalistes envisagent entamer demain jeudi à 9h30, au complexe. Cette action cible particulièrement Menadi, accusé d'être derrière les récentes perturbations. «Les travailleurs sont appelés à l'action de protestation que nous organiserons jeudi 31 mai, devant le bâtiment PPL pour dénoncer la perturbation créée par l'intrusion d'un ex-député dans le complexe. Ces perturbations sont un moyen de pression utilisé par leur auteur contre les autorités afin que les charges qui pèsent sur sa personne soient abandonnées. Les agissements de cet ex-député, retraité et exclu des rangs de l'UGTA sont actuellement entre les mains de la justice», soulignent Daïffalah et Bouraï les deux signataires du communiqué. Il faut dire que cette contre-attaque des syndicalistes était pressentie après les déclarations fracassantes de Menadi Aïssa. Ce dernier a publiquement qualifié le directeur des ressources humaines de la société ArcelorMittal de nationalité française, d'être «un espion. Comme il a accusé Smaïn Kouadria d'être partie prenante dans des affaires de corruption pour l'octroi de marchés à des opérateurs privés. D'autres événements étaient intervenus ces 72 heures dans l'environnement direct et indirect de cette société. Cette entité industrielle de production sidérurgique avait été secouée durant plusieurs jours par des perturbations. Les abords des locaux du DG et ceux du conseil syndical avaient été occupés par une soixantaine d'individus entre salariés et extra effectifs ArcelorMittal. Ils étaient menés par Aïssa Menadi l'ex-secrétaire général du syndicat de l'entreprise qui revendique son retour à la tête du syndicat de l'entreprise, le départ des cadres étrangers et la renationalisation du complexe sidérurgique El-Hadjar. La situation était d'autant plus grave au regard des armes blanches dont étaient munis les individus en question. Après avoir forcé le portail de l'entrée principale, ils avaient occupé les sites stratégiques. Vitupérant des armes blanches en main, ils ont imposé aux cadres dirigeants expatriés et locaux de quitter les lieux. Ce qui a eu pour conséquence les 3 plaintes déposées au tribunal d'El-Hadjar par Joe Kazadi, le directeur général ArcelorMittal El-Hadjar. C'est ce qu'il avait indiqué dans sa correspondance du 24 mai, adressée au secrétaire général du syndicat de l'entreprise. «…Nous sommes confrontés depuis dimanche 20 mai 2012, à un envahissement de l'extérieur auquel participent certains salariés de l'entreprise. Cet agissement illégal qui perturbe le bon fonctionnement de l'entreprise, a donné lieu à des plaintes auprès de la gendarmerie et de la justice. Suite aux menaces proférées par les meneurs du mouvement contre les dirigeants de l'entreprise, locaux et expatriés, j'ai décidé hier de continuer nos activités de management en dehors du complexe pour une durée limitée, le temps que la situation se normalise», a-t-il souligné. Tout autant que leur secrétaire général et le président du comité de participation, les syndicalistes étaient interdits de séjour au complexe sous peine d'être agressés. Dimanche, quelques énergumènes étaient rassemblés devant le portail de l'entrée principale du complexe. La présence en force des gendarmes et des agents de sécurité aurait été dissuasive. Lundi, tous les cadres dirigeants dont les expatriés ont pu rejoindre normalement leur poste de travail. Une chose est certaine, pour Menadi et consorts, cette fin de semaine pourrait être très dure. Selon des sources concordantes proches du dossier judiciaire, des inculpations pourraient être prononcées par le procureur de la république d'El-Hadjar.