Aucune avancée notable n'a été enregistrée dans les négociations de paix tenues à Addis Abeba entre le Soudan et le Soudan du Sud, sous l'égide de l'Union africaine, les deux pays voisins étant toujours divisés sur la définition d'une zone frontalière démilitarisée. Lancées il y plus d'une semaine dans la capitale éthiopienne, les négociations entre Juba et Khartoum visent à résoudre les différends qui ont mis les deux Soudans au bord d'un conflit ouvert il y a deux mois. hier, les délégations de Juba et de Khartoum ne sont pas parvenues à se mettre d'accord sur le premier point à régler : la définition d'une zone frontalière démilitarisée, alors que les deux parties se sont dit déterminées à régler toutes les questions en suspens qui enveniment les relations entre les deux pays. «Les positions des parties sont encore assez éloignées sur cette question, nous n'avons pas encore été capables de nous entendre sur la ligne à tracer pour la zone démilitarisée», a indiqué à la presse le ministre sud-soudanais des Affaires étrangères, Nhial Deng Nhial. La veille, les ministres de la Défense des deux pays avaient discuté de cette question sensible mais leur rencontre avait été marquée par de nouvelles accusations, par le Sud, de bombardements aériens du Nord, des accusations démenties par Khartoum. Malgré l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011, un cinquième de la frontière commune des deux pays n'a toujours pas été démarquée. Juba et Khartoum se disputent même des régions entières, comme celle d'Abyei, dont le Nord affirme s'être retiré après un an d'occupation. Outre les questions territoriales, le Nord et le Sud peinent à se mettre d'accord sur le partage des ressources pétrolières du Soudan d'avant la partition. Juba a hérité des trois quarts des réserves de brut mais reste tributaire des infrastructures du nord pour exporter. Les deux pays voisins s'accusent aussi d'alimenter une rébellion chacune sur le sol de l'autre. Les négociations de paix entre Juba et Khartoum avaient été interrompues début avril après des affrontements à la frontière, les plus violents depuis l'accès à l'indépendance du Sud en juillet 2011. Les récentes tensions entre Juba et Khartoum ont fait craindre la reprise d'un conflit généralisé entre les deux parties, qui se sont livré des décennies de guerre civile dans le passé. Pour éviter une réédition du scénario de la guerre civile, les Nations unies et l'UA, médiatrice dans la crise entre les deux Soudans, tentent d'apaiser la tension entre les deux Soudans en donnant jusqu'au 2 août aux deux pays pour régler leurs différends. Samedi soir, le négociateur en chef sud-soudanais, Pagan Amum, avait affirmé que le Nord comme le Sud étaient prêts à mettre en œuvre les plans de paix de l'UA et des Nations unies. Mais il a reproché au Nord de vouloir imposer des conditions — notamment discuter des questions sécuritaires avant les autres — à une reprise des discussions sur tous les sujets. «Le gouvernement du Soudan essaie d'imposer des pré-conditions qu'un certain agenda sécuritaire soit discuté d'abord [...] ce qui violerait la feuille de route (de l'UA) et la résolution du Conseil de sécurité (de l'ONU)», avait-il estimé.