Les années passent, mais son nom est resté dans l'histoire. Il y a 15 ans, jour pour jour, le 13 février 1995 disparaissait Azzeddine Medjoubi, il avait été fauché par des balles assassines, lui qui en imposait aux planches. Aujourd'hui, à l'occasion de cet anniversaire, un rassemblement sera organisé sur le lieu même du drame. L'épouse du regretté appelle tous ceux et toutes celles qui l'ont connu à venir lui rendre hommage à partir de 13 h, devant l'enceinte du Théâtre national algérien (TNA), square port Saïd à Alger. Les années passent, mais son nom est resté dans l'histoire. Il y a 15 ans, jour pour jour, le 13 février 1995 disparaissait Azzeddine Medjoubi, il avait été fauché par des balles assassines, lui qui en imposait aux planches. Aujourd'hui, à l'occasion de cet anniversaire, un rassemblement sera organisé sur le lieu même du drame. L'épouse du regretté appelle tous ceux et toutes celles qui l'ont connu à venir lui rendre hommage à partir de 13 h, devant l'enceinte du Théâtre national algérien (TNA), square port Saïd à Alger. La Télévision nationale (ENTV) a programmé dans le cadre de cette halte commémorative la diffusion de son chef d'oeuvre Hafila tassir . Le dramaturge a été victime de la violence islamiste à l'instar de beaucoup d'artistes, intellectuels, enseignants et journalistes. La liste est malheureusement longue de ces personnes qui ont risqué ou carrément payé de leur vie pour vivre dans la liberté. Le dramaturge Abdelkader Alloula, militant des droits de l'Homme et directeur du Théâtre régional d'Oran est abattu lui aussi au sortir de son domicile le 10 mars 1994, Matoub Lounès, chanteur et militant berbère, est enlevé, et relâché après avoir été «condamné à mort et gracié» le 26 septembre 1994, Cheb Hasni, l'un des plus célèbres chanteurs de raï, est assassiné à Oran le 29 septembre 1994, le cinéaste Djamel Fezzaz est grièvement blessé à Alger, 6 février 1995. Azzeddine Medjoubi a monté des pièces de théâtre pour la radio et pour la télévision. Les auditeurs de la Chaîne III ont en mémoire cette voix de stentor qui accompagnait Djamel Amrani dans son émission consacrée à la poésie. L'engagement de Azzedine Medjoubi perceptible sur scène est également un engagement physique qui s'est traduit par des prises de position. Lors de la suspension du journal le Matin, en juillet 1992, il a fait partie du Collectif des amis du journal qui ont revendiqué la levée de la mesure de suspension frappant ce quotidien et la presse en général. Medjoubi était connu pour son franc-parler, il était dénué de toute démagogie, l'on se souviendra de sa réponse à Djamel Amrani relative au choix de l'un de ses personnages: «J'ai accepté les risques. Ce personnage véhicule le vécu de chaque citoyen, il est dénonciateur, contestataire, il est multiple, il est pluriel. Il s'oppose à toute forme d'exploitation et cela m'a tenté… N'oublie pas que je n'ai jamais campé des personnages lyriques ou proprement romantiques auparavant. J'ai toujours tenu des rôles d'hommes combatifs, qui se rebellent, qui n'acceptent pas leur sort avec résignation». Le choix de personnage s'inscrit dans le courant du théâtre engagé, émancipateur et libre. Ayons en mémoire Hafila Tassir, jouée en 1985 au TNA avec une mise en scène de Ziani Chérif Ayad, cette pièce a été jouée sous le titre Le voleur d'autobus un texte de l'écrivain égyptien Ihsan Abdelkeddous, souvenons-nous de Ghabou lafkar (TNA 1986), Le dernier des prisonniers (Compagnie El-Kalaa, 1990), La boutique (TBéjaïa, 1994), sans oublier de parler de ses rôles qu'il a campés dans Bab El-Foutouh (La Bonne âme) de Se-Tchouan de Brecht, Les Bas-fonds de Gorki ou encore Galou Laârab galou. Signe prémonitoire, il était monté pour la dernière fois sur scène pour interpréter le Fou algérien dans Hissaristan, librement adaptée du Journal d'un fou de Gogol. Pour lui rendre hommage aujourd'hui, il n'y a pas plus belle réflexion que celle du poète Djamel Amrani qui, en réaction à la disparition de son ami, s'est écrié : «La mort cruelle, la mort faucheuse/alors que tu étais plus candide/que la poésie qui tremblait/sur tes lèvres/Le jour sans voix/Le temps confondu/Le cœur dégorgé/Des balles dans ta chair/déjà meurtrie et la plaie/mise à nue ...» Et nous concluons avec les propos de la ministre de la culture, Khalida Toumi qui disait dans «La nouvelle inquisition», parue dans Les temps modernes, de janvier-février 1995 : «N'oublions jamais que l'intégrisme comme le fascisme, n'est pas une opinion, mais un délit». K. H. La Télévision nationale (ENTV) a programmé dans le cadre de cette halte commémorative la diffusion de son chef d'oeuvre Hafila tassir . Le dramaturge a été victime de la violence islamiste à l'instar de beaucoup d'artistes, intellectuels, enseignants et journalistes. La liste est malheureusement longue de ces personnes qui ont risqué ou carrément payé de leur vie pour vivre dans la liberté. Le dramaturge Abdelkader Alloula, militant des droits de l'Homme et directeur du Théâtre régional d'Oran est abattu lui aussi au sortir de son domicile le 10 mars 1994, Matoub Lounès, chanteur et militant berbère, est enlevé, et relâché après avoir été «condamné à mort et gracié» le 26 septembre 1994, Cheb Hasni, l'un des plus célèbres chanteurs de raï, est assassiné à Oran le 29 septembre 1994, le cinéaste Djamel Fezzaz est grièvement blessé à Alger, 6 février 1995. Azzeddine Medjoubi a monté des pièces de théâtre pour la radio et pour la télévision. Les auditeurs de la Chaîne III ont en mémoire cette voix de stentor qui accompagnait Djamel Amrani dans son émission consacrée à la poésie. L'engagement de Azzedine Medjoubi perceptible sur scène est également un engagement physique qui s'est traduit par des prises de position. Lors de la suspension du journal le Matin, en juillet 1992, il a fait partie du Collectif des amis du journal qui ont revendiqué la levée de la mesure de suspension frappant ce quotidien et la presse en général. Medjoubi était connu pour son franc-parler, il était dénué de toute démagogie, l'on se souviendra de sa réponse à Djamel Amrani relative au choix de l'un de ses personnages: «J'ai accepté les risques. Ce personnage véhicule le vécu de chaque citoyen, il est dénonciateur, contestataire, il est multiple, il est pluriel. Il s'oppose à toute forme d'exploitation et cela m'a tenté… N'oublie pas que je n'ai jamais campé des personnages lyriques ou proprement romantiques auparavant. J'ai toujours tenu des rôles d'hommes combatifs, qui se rebellent, qui n'acceptent pas leur sort avec résignation». Le choix de personnage s'inscrit dans le courant du théâtre engagé, émancipateur et libre. Ayons en mémoire Hafila Tassir, jouée en 1985 au TNA avec une mise en scène de Ziani Chérif Ayad, cette pièce a été jouée sous le titre Le voleur d'autobus un texte de l'écrivain égyptien Ihsan Abdelkeddous, souvenons-nous de Ghabou lafkar (TNA 1986), Le dernier des prisonniers (Compagnie El-Kalaa, 1990), La boutique (TBéjaïa, 1994), sans oublier de parler de ses rôles qu'il a campés dans Bab El-Foutouh (La Bonne âme) de Se-Tchouan de Brecht, Les Bas-fonds de Gorki ou encore Galou Laârab galou. Signe prémonitoire, il était monté pour la dernière fois sur scène pour interpréter le Fou algérien dans Hissaristan, librement adaptée du Journal d'un fou de Gogol. Pour lui rendre hommage aujourd'hui, il n'y a pas plus belle réflexion que celle du poète Djamel Amrani qui, en réaction à la disparition de son ami, s'est écrié : «La mort cruelle, la mort faucheuse/alors que tu étais plus candide/que la poésie qui tremblait/sur tes lèvres/Le jour sans voix/Le temps confondu/Le cœur dégorgé/Des balles dans ta chair/déjà meurtrie et la plaie/mise à nue ...» Et nous concluons avec les propos de la ministre de la culture, Khalida Toumi qui disait dans «La nouvelle inquisition», parue dans Les temps modernes, de janvier-février 1995 : «N'oublions jamais que l'intégrisme comme le fascisme, n'est pas une opinion, mais un délit». K. H.