Alors qu'il tire sans état d'âme sur ses compatriotes qui manifestent depuis plus de deux mois pour des réformes démocratiques, tuant plus de 600 personnes, Bachar Al Assad s'est contenté, hier, de dénoncer Israël. Son régime – et auparavant celui de son père – qui a n'a pas «sacrifié» une balle contre l'armée israélienne qui occupe le riche plateau du Golan syrien depuis 40 ans, n'a pas jugé utile de riposter à l'attaque israélienne qui a tué au moins quatre personnes. Le gouvernement syrien, honni par la rue, a affiché profil bas, hier, face à la provocation d'Israël, en se cachant derrière un lâche communiqué mettant Israël «devant ses responsabilités». Quel courage pour un président qui porte le patronyme d'un lion ! Les manifestants de la ville martyre de Deraa ont dû rire un bon coup face à cette «démonstration» de force de leur «raïs» décidément mal, très mal servi par ces coups de feu d'Israël et ce coup du sort qui le montre dans une pitoyable posture d'un président si prompt à tuer ses compatriotes mais incapable d'élever la voix face à l'armée israélienne. C'est une formidable revanche des partisans du changement de régime en Syrie. Al Assad (le lion en arabe), c'est uniquement à la maison… Vivement donc que cette autre Nakba, version syrienne, se termine pour que Bachar redonne le feu vert aux conducteurs de ces chars et blindés pour aller «corriger» effroyablement ces milliers de Syriens qui veulent en finir avec la dynastie Al Assad qui semble avoir signé un pacte de non-agression unilatéral avec l'Etat hébreu. «Nous dénonçons fermement les actes criminels d'Israël contre notre peuple dans le plateau du Golan, en Palestine et dans le sud du Liban, qui ont fait plusieurs morts et blessés», a «courageusement» affirmé hier le ministère des Affaires étrangères syrien dans un communiqué. Et de mettre en garde qu'«Israël devra assumer la totale responsabilité de ses actes». Un chef-d'œuvre de fermeté diplomatique… Le gouvernement Netanyahu qui a, dans un premier temps, pris très au sérieux cette menace d'Al Assad, a même songé à installer une cellule de crise et réunir son conseil de guerre. Mais après réflexion, il s'est dit que le tueur en série sévit uniquement en Syrie et contre les Syriens. Il a vu juste. Israël sait bien que le courage des responsables syriens ne dépasse pas les «frontières» d'un communiqué de presse. C'était comme cela du temps d'Al Assad père, et ce sera la même chose avec le fils.