Tout en assurant que la criminalité organisée n'est pas spécifique à une région et n'épargne aucun pays au monde, l'Organisation des Nations unies (ONU) indique que cette activité génère 870 milliards de dollars par an, soit l'équivalent de 1,5% du PIB mondial, plus de six fois le montant de l'aide publique au développement accordée en 2009, et l'équivalent de près de 7% des exportations mondiales de marchandises. Selon un rapport rendu public hier, l'organisation onusienne a classé le trafic de stupéfiants, la contrefaçon et le trafic d'armes en tête des formes de criminalité les plus répandues et les plus juteuses, sachant que les chiffres du rapport communiqué sont arrêtés en 2009, alors que ces formes de criminalité ont connu durant les trois dernières années des proportions alarmantes à l'issue des perturbations sécuritaires et politiques qu'ont connues plusieurs pays dans le monde dont la Libye, la Tunisie, l'Egypte et le Mali, en Afrique, sans oublier d'autres régions en Europe, en Amérique et en Asie. En effet, le trafic de drogue a généré 320 milliards de dollars (255 milliards d'euros) en 2009, dont 85 milliards de dollars (68 milliards d'euros) pour la cocaïne seulement. Selon l'Organisation de coopération et de développement économique, (OCDE), la contrefaçon engendre 250 milliards de dollars dont les faux médicaments (1% des médicaments dans le monde, jusqu'à 30% dans des pays d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique du Sud, d'après l'Organisation mondiale de la Santé, OMS). L'ONU a, également, indiqué que le trafic d'armes génère de 170 à 320 millions de dollars (135 à 255 millions d'euros). Ceci tout en tirant la sonnette d'alarme en abordant le volet du crime qui touche directement aux êtres humains. Le rapport de l'ONU note, ainsi, que les victimes de la traite des personnes étaient au nombre de 2,4 millions pour la même année, ce qui génère des profits de 32 milliards de dollars (25,5 milliards d'euros). «Chaque année, 1,5 million de personnes sont victimes d'une usurpation d'identité», a souligné la même source. Et d'expliquer que la traite des êtres humains est une activité criminelle internationale dans laquelle des hommes, des femmes et des enfants sont soumis à l'exploitation sexuelle ou à l'exploitation par le travail. Pour l'Organisation internationale du travail (OIT), les chiffres avoisinaient, en 2005, les 2,4 millions de victimes de la traite, brassant environ 32 milliards de dollars. Des estimations plus récentes et plus précises, émanant de la même organisation, relatives aux tendances d'ensemble du travail forcé donnent à penser que l'ampleur du problème est bien plus importante. «Rien qu'en 2009, quelque 6,6 milliards de dollars ont été générés par le trafic illicite de 3 millions de migrants d'Amérique latine vers l'Amérique du Nord, tandis que l'année précédente, 55 000 migrants avaient été passés clandestinement d'Afrique vers l'Europe pour un montant de 150 millions de dollars», cite l'ONU à titre d'exemple. L'ONUDC (Organisation des Nations unies chargée de la lutte contre la drogue et le crime organisée), qui a lancé hier une campagne mondiale de sensibilisation contre la criminalité transnationale, a estimé que «le phénomène de criminalité transnationale organisée est une industrie en constante évolution qui ne connaît ni limites ni règles. Elle menace la paix et la sécurité humaine et conduit à des violations des droits de l'Homme et freine le développement économique, social, culturel et politique dans le monde». Selon cette organisation, «pour combattre un phénomène mondial tel que la criminalité transnationale organisée, il faut conclure des partenariats avec les gouvernements, les entreprises, la société civile, les organisations internationales et tous les habitants de la planète ont un rôle à jouer. Eradiquer le crime organisé passe par la coordination, l'information du grand public, l'utilisation de moyens modernes de renseignement et l'assistance aux pays en développement».