La libération des humanitaires européens enlevés dans les camps des réfugiés sahraouis et le blocage des pourparlers de paix après le retrait de confiance par le Maroc au médiateur des Nations unies, Christopher Ross, ont été évoqués samedi par le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, dans le dernier numéro de la revue italienne de géopolitique Limes. Sur le rôle joué par les dirigeants sahraouis dans l'affaire des otages européens, une Italienne et deux Espagnols, en particulier leur libération, M. Ould Salek a tenu à exprimer «l'émotion et l'immense bonheur» ressentis suite à la libération de ces trois humanitaires, qui, a-t-il dit, «font partie de notre famille depuis un certain temps». Le ministre sahraoui a expliqué que les dirigeants de la République arabe sahraouie démocratique avaient établi «immédiatement», après l'enlèvement des contacts avec leurs homologues de Mauritanie, du Mali, du Niger et du Burkina Faso, mais aussi avec les gouvernements italien et espagnol. «Le seul but était de libérer les otages et les ramener chez eux en toute sécurité. Nous avions favorisé la voie diplomatique en mettant en action les services de renseignements, en évitant le recours à l'action militaire». Les autorités espagnoles et italiennes, nous ayant demandé de faire preuve d'une extrême prudence, ajoutant que l'échange d'informations concernant l'état de santé des trois coopérants et sur les lieux où ils étaient détenus, était constant, affirmant que les dirigeants sahraouis savaient parfaitement dans quelle région du Mali ils étaient. Soulignant que la situation de grave instabilité survenue au Mali et dans la région du Sahel a compliqué d'une «façon dramatique», les négociations avec les ravisseurs, le chef de la diplomatie sahraoui a confié: «Toute cette région est une poudrière, à un certain moment entre mai et juin, nous avions craint le pire», pour les otages. Le Mali est dans une totale anarchie, dans ce couloir qui va du Tchad, en passant par le Niger, le Mali, la Mauritanie et abouti au Sahara Occidental, les partisans de l'extrémisme islamique continuaient à tenter de faire régner la chaos. C'est dans cette région que prolifèrent les conflits, les attentats et les enlèvements dont certains finissent mal, a-t-il expliqué. Ould Salek a, dans ce cadre, rappelé que pendant des années, les dirigeants sahraouis estimaient que les efforts pour résoudre le conflit sahraoui vont dans le sens d'une plus grande stabilisation de toute la région. «Il ne fait aucun doute que l'occupation marocaine de nos terres crée une situation de déstabilisation», a-t-il souligné, affirmant que «derrière l'étrange groupe armé qui a été formé juste pour l'enlèvement des trois coopérants, personne ne peut m'enlever de la tête qu'il y a aussi les services de renseignements marocains qui déstabilisaient la région depuis fin 2005 pour réduire l'aide humanitaire et faire pression sur le Front Polisario pour obtenir des concessions politiques». A une question sur l'état actuel du conflit du Sahara Occidental, le ministre a estimé que le rejet des revendications des Sahraouis et le mépris de beaucoup de résolutions de l'ONU par le Maroc ont fait naître un «désir croissant» du peuple sahraoui de retourner aux armes, en particulier chez les jeunes. «Mais je voudrais exclure l'existence de cellules djihadistes dormantes dans les camps de réfugiés ainsi que dans le Sahara Occidental occupé», a-t-il encore affirmé. Par ailleurs, M. Ould Salek, qui a qualifié la décision unilatérale du Maroc de retirer sa confiance à Christopher Ross, de «choix gravissime», a rappelé que les Etats-Unis et les Nations unies ont fermement réitéré leur confiance à un homme qui «a toujours servi la voie d'un règlement juste du conflit, auquel sont liés de nombreux espoirs et attentes». Il a, dans ce contexte, relevé que le Maroc défie la communauté internationale et arrête les négociations, ajoutant que ces dernières années, les négociations avançaient lentement et ont conduit à des résultats minimes, mais elles ont laissé ouverte la voie du dialogue et ont contribué à contenir les exigences du retour à la lutte armée. «Je crains que cela va devenir de plus en plus difficile à tenir à distance l'appel aux armes», a-t-il cependant averti