Les forces de sécurité saoudiennes ont ouvert le feu sur des manifestants chiites qui protestaient contre la détention de certains de leurs coreligionnaires dans la région de Qatif. Aucun bilan précis n'a filtré pour l'instant sur cet événement qui aurait fait plusieurs victimes. Du côté officiel, le ministère saoudien de l'Intérieur a assuré dans un communiqué qu'il n'y avait eu aucune victime. Ce n'est pas le cas de certaines sources non gouvernementales qui indiquent qu'ils y auraient plusieurs blessés par balles. Selon le ministère, les forces de sécurité ont été confrontées dans la nuit de jeudi à vendredi à des émeutiers brûlant des pneus et plusieurs d'entre eux ont été arrêtés, dont Mohammed al-Chakhouri qui figurait sur une liste de 23 personnes recherchées par les autorités. Des témoins ont affirmé que M. Chakhouri avait été blessé par balles dans le dos et au cou et transféré dans un hôpital militaire près de Dhahran. Outre les tirs à balles réelles, la police a fait usage pour la première fois de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui brandissaient des portraits de détenus chiites, notamment l'influent dignitaire religieux Nimr al-Nimr, arrêté au début du mois après avoir aussi été blessé par balles, ont rapporté des témoins. La famille de cheikh Nimr a déclaré vendredi que ce dernier avait été transféré de l'hôpital militaire près de Dhahran vers un autre hôpital dans la capitale. Un écrivain chiite, Nazir al-Majed, arrêté en mars 2011 pour avoir manifesté, a par ailleurs été relâché jeudi sans avoir jamais été inculpé ni présenté à la justice, selon sa famille. Les heurts se sont récemment multipliés entre la police et les manifestants issus de la minorité chiite qui se dit victime de discriminations notamment dans le domaine de l'emploi. Deux manifestants chiites avaient été tués en juillet, déclenchant plusieurs attaques contre des bâtiments gouvernementaux de Qatif. L'est de l'Arabie, riche en pétrole, où se concentre l'essentiel des deux millions de chiites saoudiens, est secoué depuis mars 2011 par des troubles sporadiques qui ont pris une tournure plus violente à l'automne 2011 avec la mort, depuis, de dix personnes.