Le cabinet de Kofi Annan, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, a fait savoir, vendredi passé, que la deuxième réunion du groupe d'action sur la question de la Syrie pourrait se tenir rapidement. En précisant dans ses propos que le dialogue politique demeurait la meilleure solution pour résoudre la crise en Syrie, il a été notamment question de prise de contact avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU pour la tenue de la deuxième réunion sur le sillage de celle tenue à Genève, fin juin. L'évolution du traitement politique de la crise en Syrie par les détenteurs du veto au Conseil de sécurité est liée au développement des données sur le terrain syrien, notamment l'issue de la bataille d'Alep. Si pour sa part Damas persiste à mener une guerre sans merci aux groupes armés, ces derniers se sont constitués et consolidés sur fond et durant la contestation pacifique des syriens pour les réformes politiques au début de la crise, en mars 2011. Si tout le monde est braqué sur les plans interne et extérieur sur l'issue des batailles entre l'institution militaire syrienne et les divers groupes armés, à Alep, ceci est le reflet de l'intérêt porté à sa position géostratégique à divers niveaux. Capitale économique du pays, la bataille autour d'Alep, intervient après une semaine de la reprise du contrôle de la capitale politique, Damas, par le gouvernement syrien. Aussi, étant à moins de 55 kilomètres des frontières turques, les soutiens des groupes armés sur les plans, diplomatique, politique, logistique et par leur approvisionnement en armes et hommes et ce, en vue de voir Alep échapper au contrôle de Damas. Cet état de fait devait conforter le Conseil national syrien qui n'a cessé d'exiger une intervention étrangère en Syrie, objectif escompté par Ankara, l'Arabie Saoudite et le Qatar en tenant compte de leur approche politique en direction de la crise en Syrie. Les responsables politiques turcs, qataris et saoudiens ont promu tout au long dans leur traitement de la crise en Syrie, un rôle sur fond de l'approche politico-stratégique de Washington en direction de la Syrie et le Proche- Orient, en général. Par ailleurs, le chef de la diplomatie russe a averti sur les conséquences gravissimes du soutien de ses homologues du Conseil de sécurité de l'opposition armée et comptant des éléments d'El- Qaïda et des mercenaires, a souligné Lavrov. Le responsable russe, Lavrov, en indiquant qu'il redoute «une tragédie à Alep», a précisé que Moscou «comprend le gouvernement syrien dans son offensive militaire sur les groupes armés» et a avisé ses partenaires européens du refus de son pays à soumettre leurs bateaux en direction de la Syrie à une vérification comme le stipulent les sanctions adoptées de l'UE contre Damas. Par ailleurs, en prévision d'une issue similaire à celle qu'a connue Damas, des prémices visant le maintien dans la durée de l'instabilité et l'insécurité en Syrie, se manifestent sur certains points de ses frontières. D'abord avec la Turquie qui, dès le début en abritant le Conseil national Syrien, n'a pas été pour promouvoir la voie d'un processus politique à la crise en Syrie, préférant le soutien politico-militaire aux groupes armés. Aussi sur les frontières syriennes avec la Jordanie qui vient d'ouvrir un camp de capacité de 1 500 places, pour les réfugiés syriens. Ces deux autres lignes de frontières constituent un enjeu majeur et déterminant sur le cours de la situation à moyen et long terme. Il s'agit des frontières libano-syriennes et celles liant la Syrie avec l'Irak. La crise en Syrie et son issue étant au centre d'intérêts stratégiques de Washington et par conséquent pour Israël, le cours des évènements au nord du Liban accentuant les risques de tensions sur ses frontières avec la Syrie, mettent en lumière les visées escomptées. Il s'agit en premier lieu de cibler les objectifs non atteints par l'agression sioniste contre le Liban en 2006, à savoir venir à bout de la résistance au pays. Certains observateurs inscrivent les tensions suscitées au nord du Liban sur fond de la crise en Syrie, dans la perspective à moyen terme d'aboutir à une réalité nécessite une force onusienne entre les frontières libano-syriennes. Ce qui semble être le but de Washington «soucieuse de la sécurité» d'Israël puisque l'objectif de voir l'effondrement de l'Etat syrien par ces derniers, sur fond de la crise dans ce pays, s'avère impossible. Par ailleurs, la sortie médiatique du représentant de la diplomatie américaine à Moscou, MC Faul, a soutenu la veille de la bataille d'Alep qu'«en réalité nous nous soutenons aucun groupe impliqué dans le conflit syrien». Plus loin dans un entretien qu'il a accordé à un quotidien russe «nous ne sommes pas hostiles aux Syriens qui soutiennent Al Assad», Mc Faul précise «ce n'est pas notre combat, nous plaidons pour les négociations», dira-il. Cette déclaration dénote de la dérobade américaine de son rôle joué dans la crise en Syrie, visant l'effondrement de l'Etat syrien par l'ensemble de ce qu'elle a entrepris pour amplifier la crise en Syrie et de surcroît via ses alliés dans la région. Tout laisse à croire que l'après Alep marquera essentiellement la mise en route effective de l'application du plan en six points de Kofi Annan, à savoir le début du traitement politique de la crise en Syrie, qu'il s'agisse du dialogue inter-syrien, et celui entre acteurs régionaux et internationaux, ce qui s'illustre par l'annonce ci-dessus du cabinet de Kofi Annan.