Dans ce contexte, la Russie avait reconnu qu'une «tragédie» menaçait à Alep, soulignant en passant qu'il n'était pas «réaliste» d'escompter que le gouvernement syrien reste sans réaction face à des insurgés armés jusqu'aux dents et occupant les grandes villes. Côté américain, on redoute un massacre à Alep, tout en rassurant qu'il n'y aurait pas d'intervention militaire américaine sur le terrain. «L'inquiétude, c'est qu'il y ait un massacre à Alep et c'est ce que semble préparer le régime», a déclaré lors d'un point de presse la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland. «En réalité, nous ne soutenons aucun groupe impliqué dans le conflit syrien. Nous ne sommes pas hostiles aux Syriens qui soutiennent Al-Assad. Ce n'est pas notre combat. Nous plaidons pour les négociations», a déclaré l'ambassadeur américain à Moscou, Michael McFaul, dans une interview au quotidien en ligne Gazeta.ru. Réveillé sans doute d'une longue hibernation, ce diplomate a tourné sept fois la langue dans la bouche avant de pérorer son discours cartésien, à savoir que les Etats-Unis sont partisans d'une «évolution pacifique susceptible de faire apparaître de nouvelles institutions politiques répondant aux aspirations des gens». «En Egypte, en Tunisie et en Syrie, nous soutenons les règles du jeu et non les vainqueurs et les vaincus. Nous ne cherchons pas à déstabiliser Syrie. Nous ne voulons pas la chute de l'Etat syrien. Nous l'avons vu en Irak, en Somalie et dans d'autres pays. Nous partageons l'objectif du gouvernement russe : prévenir la désintégration de l'Etat syrien». Et pourtant, si nos mémoires ne sont pas défaillantes, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avait martelé il n'y a pas si longtemps : «Assad doit partir». Cela étant, il faudrait également compter avec quelques aveux qui trahissent de toutes parts ces déclarations hypocrites et mettent à nue les paradoxes d'une horde antisyrienne désemparée. Dans ce sens nous présentons la litanie Mitt Romney, candidat républicain à la présidence américaine, qui va effectuer le classique pèlerinage à Tel-Aviv, passage obligé pour tout prétendant pour espérer décrocher le jackpot électoral. Ce dernier a critiqué le soutien russe au gouvernement de Damas. Sans scrupule, le potentiel candidat s'est ouvertement prononcé en faveur d'une livraison d'armes aux «tueurs à gage» en Syrie. Et, bien évidemment, on ne peut passer par Tel-Aviv sans promettre un recours à la force militaire contre l'Iran. Enfin, faites entrer le témoin : Jeroen Oerlemans, un photographe néerlandais, avait été enlevé et libéré par les «djihadistes» qui étaient présentés par l'ensemble des ennemis de la Syrie comme des opposants syriens. Qu'en pense ce témoin à charge : «Il n'y avait aucun Syrien présent, c'était tous des jeunes venus d'autres pays, d'Afrique, de Tchétchénie...». (Suite et fin)