A chaque mois de Ramadhan, une grande polémique tourne autour des non-jeûneurs. Que dit la loi à ce sujet pour cette catégorie de personnes qui refusent d'observer le jeûne ? Les citoyens algériens de confession chrétienne sont-ils obligés également de jeûner ? Dans l'autre cas sont-ils alors autorisés à manger, boire ou fumer uniquement chez eux pour ne pas offenser les jeûneurs ? Ne pas jeûner est-il un délit ? Que dit la loi à ce sujet ? Quel risque en couru par un citoyen qui n'observe pas le jeûne ? Moult questions qui méritent des éclaircissements mais qui restent pour l'instant sans réponse. Pour en savoir plus à ce sujet, nous nous sommes entretenus avec plusieurs responsables, malheureusement nous n'avons pas pu avoir des réponses précises. Certains responsables ont même refusé d'aborder ce sujet avec nous, alors que d'autres ont souhaité à ce que leurs noms ne soient pas publiés sur nos colonnes. En réponse à nos questions, la majorité de nos interlocuteurs trouvent que la Constitution algérienne garantit la liberté de culte et ne prévoit aucune sanction contre ceux qui refusent d'observer le jeûne durant le mois de Ramadhan. «L'Algérie est une République démocratique et non pas islamique», ont-ils ajouté. Malheureusement, même si la Constitution ne prévoit pas le jeûne obligatoire, les non- jeûneurs pourraient être poursuivis en justice conformément à l'article 144 bis 2, a indiqué un autre responsable. L'article stipule qu'il est puni d'emprisonnement quiconque offense le prophète et les envoyés de Dieu, ou dénigre le dogme ou les préceptes de l'islam». Ne pas jeûner peut-il constituer une atteinte à l'islam ? Quelles sont les limites de l'offense ? L'intolérance envers les non pratiquants au nom de l'islam ne serait-elle pas la meilleure manière de dénigrer l'islam a écrit, un confrère. Certains responsables déclarent que l'islam est la religion de l'Etat et que les citoyens sont obligés de jeûner. Ces derniers ajoutent que plusieurs personnes ont été arrêtées pour n'avoir pas observer le jeûne. Pour une autre catégorie de responsables, seuls les citoyens de confession musulmane sont obligés de jeûner en raison de l'article évoqué plus haut. Dans cette hypothèse comment alors peut-on distinguer un citoyen musulman et un non-musulman ? L'administration algérienne devrait-elle ajouter une rubrique sur les documents administratifs indiquant la confession du citoyen ? De nombreux citoyens interrogés à ce même sujet ont indiqué qu'ils ignoraient également ce que dit exactement la loi, pour les non–jeûneurs. A chaque fois, cette histoire crée des polémiques et nul ne sait qui a tort et qui a raison, ont-ils ajoutés. «Si le jeûne est obligatoire, l'Etat devrait alors prévenir les citoyens», a déclaré Saïd. Plusieurs autres citoyens trouvent que la décision de jeûner ou pas, revient à la personne et non pas à l'Etat. Si le jeûne est obligatoire, il faudrait également obliger les citoyens à faire la prière, ont-ils ajouté. Les mêmes citoyens ironisent indiquant qu'il faudrait alors appliquer la charia, une fois pour toute. En l'absence d'une loi claire, des incidents sont signalés à chaque Ramadhan. Pour l'instant, les réponses à nos questions sont vagues, chacun interprète la loi à sa façon et la polémique continue.